Un article écrit par Jérémie Camirand

Étudiants et professeurs craignent une session prolongée à l’ULaval en raison de la grève

Société > Enseignement universitaire

À quelques heures du déclenchement d’une grève générale illimitée, les professeurs de l’Université Laval pressent l’administration d’en arriver à une entente alors que les étudiants craignent le spectre d’une session prolongée.

Pour bon nombre d'étudiants, la perspective d'une session prolongée n'a rien de réjouissant. Au contraire, plusieurs d'entre eux attendent avec impatience le dénouement des négociations.

En tant qu’étudiant, on est tellement stressé par ce qui va arriver et on a tellement peu d'informations. [...] On entend de plein de bords, par les collègues, les professeurs et par les médias alors que, nous, les étudiants, on finit par se retrouver dans un gros flou. On ne sait pas ce qui arrive et on ne sait plus quoi penser de ça , explique Pier-Olivier Cauchon, finissant à la maîtrise en architecture à l’Université Laval.

De son côté, le syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL) convient qu’une longue grève pourrait avoir des répercussions sur la suite de la session d’hiver.

Plus on va avoir de jours de grève, plus il va y avoir d'activités qui vont être annulées et bien sûr, plus ça va être difficile de reprendre la session à l'intérieur du calendrier universitaire prévu

Louis-Philippe Lampron, président du syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval (SPUL).

Craintes étudiantes

Une session prolongée aurait alors des effets sur le parcours académique de certains. Pier-Olivier Cauchon, qui en est à sa dernière session universitaire, constate déjà les impacts de la grève et craint qu’ils ne s’accentuent si elle devait se poursuivre.

Pour notre projet, on a un chargé de cours ou un professeur qui nous est attitré donc, ce qui est compliqué, c'est que des étudiants ne peuvent pas voir leur directeur parce que c'est un professeur et il y en a d'autres qui peuvent le voir parce que c'est un chargé de cours , illustre-t-il.

Raphaël Gaudet Boily, étudiant au baccalauréat en développement durable, craint également les répercussions de la grève sur ses études.

C’est sûr que c’est dérangeant parce que ça va avoir un impact majeur sur mes études, sur ma situation financière s’ils décident de prolonger la session. [...] Ça va avoir un impact sur les notes, sur la réussite, sur le stress, sur l’angoisse, sur l’expérience étudiante , explique-t-il.

Du fait qu’une bonne partie de ses revenus sont liés à son emploi d’été, Raphaël se questionne sur l’impact qu’aurait une session prolongée sur son portefeuille.

Pour Alexandre Fecteau, étudiant à la maîtrise en audiologie, la grève pourrait retarder le début de son stage ou encore accentuer sa charge de travail déjà importante.

J’ai peur que tout soit décalé un peu plus ou que la charge de travail soit un peu plus intense. [...] On commence tout de suite après au mois de mai, nos stages commencent à l’été et continuent par la suite donc s’il y a un impact au niveau de la reprise des cours, on décale toutes les sessions ou du moins une partie, pense l’étudiant.

Encore loin d’une entente ?

Dimanche, le syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval négociait une dernière fois avec la direction à la table des négociations avant le déclenchement de la grève générale illimitée votée à 94,5% au début du mois de mars.

Louis-Philippe Lampron, estime que l’administration de Sophie D’Amours est encore loin de combler les revendications de son syndicat.

Au volume, il reste somme toute assez peu de clauses sur lesquelles s'entendre alors on est véritablement dans un scénario où à partir du moment où on trouve une voie de passage, l'entente de principe veut venir très rapidement, mais on est encore très éloignés sur les quatre grands problèmes qui sont au cœur de nos revendications , mentionne-t-il.

Le SPUL réclame notamment de meilleurs salaires, une meilleure répartition de la charge de travail, une plus grande transparence et liberté académique ainsi que de meilleures conditions pour les employés en situation de précarité.

M. Lampron demande donc à l’Université Laval d’agir.

Il faut trouver une voie de passage. Le temps commence à manquer littéralement et on commence à entrer dans une zone où là, ce sont les étudiants qui vont souffrir de ce conflit de travail-là , a-t-il indiqué.

Si une entente de principe est trouvée entre les parties, le syndicat mentionne qu’il faudra au moins deux jours pour la soumettre à ses membres. Une reprise rapide des activités devient donc ardue.

Une session universitaire, ça ne s'interrompt pas et ça ne recommence pas de la même manière qu'un interrupteur qu'on allume en entrant dans une pièce. Ça prend du temps pour être capable de prévoir les modalités de retour et de reprise des activités qui sont affectées par la grève , avoue M. Lampron.

Mobilisation étudiante

Pier-Olivier Cauchon soutient la cause des professeurs. Selon lui, les demandes du syndicat sont légitimes et seraient même bénéfiques pour la communauté étudiante.

Ce sont des revendications de salaire et de disponibilité, mais [les professeurs] le font pour nous , dit-il.

Je reste solidaire avec les professeurs, considérant que leurs demandes sont raisonnables. Je considère normal le fait de vouloir un salaire compétitif pour une charge de travail comparable dans son milieu , ajoute Raphaël Gaudet Boily.

Même son de cloche pour René Chenard, étudiant au baccalauréat intégré en mathématique et en informatique et père d’une jeune fille et d’un enfant à naître.

Je n’en veux pas aux professeurs, c’est pour une bonne cause qu’ils font la grève donc je les supporte. J’espère que la direction va les écoute, demande le jeune père de famille.

Le SPUL observe aussi une forte mobilisation en sa faveur et se réjouit de cet appui.

On a une multiplication des motions d'appui de la part d'associations étudiantes. On a même des associations étudiantes qui ont voté une grève en faveur des revendications des professeurs , analyse M. Lampron.

Avec les informations de Magalie Masson et Flavie Sauvageau