Le circuit de la PGA et son vis-à-vis dissident financé par des intérêts saoudiens, la LIV, fusionnent pour créer une nouvelle entité qui va régner sur le golf professionnel.

La nouvelle est tombée mardi et signifie que toutes les poursuites entre les deux parties sont abandonnées.

On ignore pour le moment ce qui adviendra des golfeurs de renom comme Brooks Koepka et Dustin Johnson, qui ont choisi de se joindre au circuit LIV en échange de primes atteignant les neuf chiffres. Pourront-ils retourner à la PGA à compter de 2024?

L'avenir du circuit LIV est aussi inconnu. Le commissaire Jay Monahan a indiqué, dans une note expédiée aux golfeurs, qu'une analyse approfondie permettra de déterminer comment les compétitions par équipe pourront être intégrées à la PGA.

Cette annonce survient un an après le lancement du circuit LIV. Monahan était alors à l'Omnium canadien et avait déclaré dans l'éventualité où un joueur se joindrait au circuit LIV ou songerait à le faire : Avez-vous déjà dû vous excuser d'être un membre du circuit de la PGA?

Et bien, ils sont maintenant partenaires, ce qui signifie que l'Arabie saoudite aura maintenant son mot à dire sur l'avenir dans la plus grande organisation de golf professionnel du monde.

Ils traçaient leur voie, et nous la nôtre. Après une longue réflexion, nous avons réalisé que toutes ces tensions ne sont pas bénéfiques pour le développement de notre sport, a dit Monahan en entretien téléphonique à l'Associated Press.

Monahan se dirigeait vers Toronto pour rencontrer les joueurs. Et même si cette décision enrichira de toute évidence les joueurs, il devra néanmoins leur expliquer les motifs derrière la fusion avec un circuit qui a privé la PGA de certains de ses meilleurs joueurs et qui est considéré par plusieurs comme étant le plus bel exemple de tentative de redorer son blason aux yeux de la communauté internationale en investissant dans le sport.

Je comprends les critiques, a dit Monahan. Personnellement, je sais qu'il faut composer avec les informations qui étaient disponibles à ce moment-là et prendre des décisions qui sont pour le bien commun. C'était le bon moment pour entamer des discussions.

Monahan a précisé que la décision avait été prise au cours des sept dernières semaines.

Personne n'était au courant (des négociations), a évoqué Monahan. Nos joueurs s'attendent à ce qu'on agisse dans le meilleur intérêt du circuit.

Il a plutôt cité les recommandations des partenaires d'affaires au sein du conseil d'administration de la PGA. Monahan est tout de même conscient que le plus difficile reste encore à venir.

Monahan doit s'attendre à recevoir des appels de certains des principaux commanditaires de son circuit, qui ne seront pas très chauds à l'idée d'être associés à un pays qui est reconnu pour bafouer les droits de la personne, comme ce fut le cas avec le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018.

À court terme, je m'attends à répondre à bien des questions et à recevoir bien des critiques, a admis Monahan. À long terme, les joueurs qui ont choisi de demeurer sur le circuit de la PGA seront récompensés de nombreuses façons.

De la colère chez les joueurs

Un média a fait fi de l'embargo entourant l'annonce et publié l'information environ 30 minutes avant l'heure prévue — avant même que certains golfeurs eurent reçu la fameuse note de Monahan.

Les joueurs ont été furieux d'apprendre la fusion sur les réseaux sociaux. Wesley Bryan a publié un gazouillis : Je me sens trahi, et je ne pourrai faire confiance à quiconque au sein de la structure administrative du circuit de la PGA avant un bon bout de temps.

J'adore apprendre mes nouvelles du matin sur Twitter, a renchéri le détenteur de deux titres du grand chelem en carrière, Collin Morikawa.

Ce pacte combine les droits et les ententes commerciales émanant du Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite (PIF) — lequel appuie le circuit LIV — avec ceux de la PGA et de ses antennes européennes. La nouvelle entité n'a pas de nom pour l'instant.

Nous avons des responsabilités envers notre circuit et notre sport, et nous avions l'impression qu'il était temps que nous ayons cette discussion, a-t-il poursuivi.

Yasir Al-Rumayyan, le directeur du PIF, se joindra au conseil d'administration de la PGA, qui continuera d'être le gestionnaire de ses tournois. Al-Rumayyan sera le président du nouveau groupe commercial, alors que Monahan sera le président et directeur des opérations. Quant à la PGA, elle sera la principale actionnaire de la nouvelle entité commerciale.

Et le PIF investira dans celle-ci.

Dès le départ, l'initiative visait à développer le golf sur la planète, a souligné Al-Rumayyan. Et je crois que nous avons atteint notre but aujourd'hui.

Al-Rumayyan a déjà été observé portant la casquette rouge MAGA (Make America Great Again) pendant des tournois du circuit LIV présentés sur des parcours appartenant à l'ancien président américain Donald Trump.

Trump avait prédit la fusion en juillet dernier et ajouté que quiconque refuserait de se joindre au circuit financé par des intérêts saoudiens le regretterait. Il a réagi mardi en qualifiant la fusion de fabuleuse entente pour le merveilleux monde du golf.

Augusta National et le Royal & Ancient ont accueilli favorablement la nouvelle puisqu'elle mettra un terme à la crise qui persistait jusqu'ici. Augusta National a mentionné que l'entente représente un développement positif qui rétablira la quiétude dans le golf professionnel masculin. Le président et directeur des opérations du R&A, Martin Slumbers, a déclaré que ça aidera le golf à progresser de façon harmonieuse, constructive et innovante.

Quant au nouveau rôle que jouera Greg Norman, Al-Rumayyan a indiqué qu'il est actuellement le commissaire du circuit LIV et que les détails concernant son prochain rôle seront annoncés au cours des prochaines semaines.

La note que Monahan a expédiée aux joueurs précise qu'il y aura une importante présence saoudienne. Il a dit que le PIF investira massivement afin de devenir un commanditaire principal du circuit de la PGA, de ses antennes européennes et des autres circuits internationaux.

Monahan a précisé que la décision avait été prise au cours des sept dernières semaines.