Un article écrit par Radio-Canada

Échange de prisonniers : cinq ex-détenus en Iran en route pour les États-Unis

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Cinq détenus américains, trois précédemment identifiés comme Siamak Namazi, Morad Tahbaz et Emad Sharqi et deux qui souhaitent rester anonymes, libérés par l'Iran, ont atterri lundi à Doha.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Cinq détenus américains, trois précédemment identifiés comme Siamak Namazi, Morad Tahbaz et Emad Sharqi et deux qui souhaitent rester anonymes, libérés par l'Iran, ont atterri lundi à Doha.

Les cinq ex-détenus américains en Iran libérés en vertu d'un accord d'échange de prisonniers avec Washington, avec la médiation du Qatar, sont désormais en route pour les États-Unis.

Les ex-prisonniers et deux membres de leur famille avaient quitté l'Iran pour se poser sur le tarmac de l'aéroport international de Doha vers 17 h 40, avant de quitter pour Washington D.C., a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.

À Washington, la Maison-Blanche, qui a confirmé que les ex-prisonniers et les membres de leur famille avaient bien quitté Doha par avion pour rentrer en sol américain, a fait savoir que le président Joe Biden avait eu une conversation pleine d'émotion avec les familles des sept Américains ayant quitté l'Iran lundi.

À New York, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a dit s'être entretenu avec les Américains libérés après leur arrivée à Doha, où ils avaient été accueillis sur le tarmac par des accolades, en évoquant une conversation émouvante.

Je leur ai parlé à leur atterrissage à Doha. Je peux vous dire que c'était pour eux, pour moi, une conversation émouvante […]. Cela fait vraiment du bien de pouvoir dire que nos concitoyens sont maintenant libres.

Antony Blinken, secrétaire d'État américain

Au préalable, un transfert de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, d'un montant de 6 milliards de dollars américains, a été annoncé à Doha et confirmé par l'Iran.

Ce transfert fait partie de l'accord, qui prévoit également la libération par les États-Unis de cinq prisonniers iraniens. Deux d'entre eux, bénéficiant d'une mesure de clémence, sont eux aussi arrivés lundi à Doha, pour retourner en Iran, ont indiqué lundi des médias iraniens.

Les trois autres ex-prisonniers libérés ne souhaitent pas, quant à eux, aller en Iran.

L'argent qui a été cruellement bloqué jusqu'à maintenant et est actuellement en possession de la République islamique appartient au peuple [iranien] et nous l'utiliserons afin de subvenir aux besoins du peuple, a déclaré le président Raïssi à New York, cité par les médias iraniens.

L'équivalent de 6 milliards de dollars américains

Le transfert de fonds dans six comptes iraniens, dans deux banques du Qatar, a été effectué lundi.

Aujourd'hui, l'équivalent de 5 573 492 000 euros a été déposé sur le compte des banques iraniennes auprès de deux banques qataries, a précisé à Téhéran Mohammadreza Farzin, gouverneur de la Banque centrale iranienne.

Cet arrangement avait été annoncé le 10 août et cinq Américains d'origine iranienne, détenus en Iran, avaient ensuite été transférés en août de leur prison pour être placés en résidence surveillée.

Parmi eux, figure l'homme d'affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage. Merci au président [Joe] Biden d'avoir fait passer la vie humaine avant la politique, a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le premier ministre britannique Rishi Sunak a lui aussi salué la libération des prisonniers dont l'un, Morad Tahbaz, possède également la nationalité britannique.

L'Iran doit cesser d'utiliser les ressortissants étrangers comme monnaie d'échange, ont indiqué les services de M. Sunak dans un communiqué.

Parmi les cinq Iraniens devant être libérés par les États-Unis figurent Reza Sarhangpour et Kambiz Attar Kashani, accusés d'avoir détourné les sanctions américaines contre l'Iran.

Apaisement des tensions entre Téhéran et Washington?

Aux yeux de certains experts, cet accord témoigne d'un relatif apaisement des tensions entre l'Iran et les États-Unis, mais il ne préjuge pas d'un possible accord sur le dossier du nucléaire iranien.

Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU a espéré lundi qu'il conduise à une plus grande coopération et une baisse des tensions entre les deux pays qui n'entretiennent plus de relations diplomatiques.

Mais tout en se félicitant de l'accord, Washington a tenu à tempérer les attentes.

Ce processus, les engagements qui ont été nécessaires pour faire libérer ces Américains détenus de façon injustifiée, ont toujours été séparés de nos engagements, ou de leur absence, avec l'Iran sur le nucléaire, a affirmé M. Blinken en ne laissant pas entrevoir de nouvelles discussions, même indirectes, dans un proche avenir.

Des négociations menées par les Européens n'avaient pas réussi en 2022 à raviver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015, moribond depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018, sous la présidence de Donald Trump.

L'échange de prisonniers intervient le même jour où le président iranien, Ebrahim Raïssi, est attendu à New York pour participer à l'Assemblée générale de l'ONU.

Hasard ou coïncidence, l'administration Biden, critiquée par l'opposition républicaine qui qualifie l'échange de rançon, a annoncé lundi des sanctions contre le ministère du renseignement iranien et l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad. Et le président américain a promis lundi de continuer à sanctionner l'Iran pour ses actions provocatrices dans la région.

Le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, avait insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'un chèque en blanc offert à l'Iran et que l'utilisation de ces fonds à des fins humanitaires uniquement serait sous stricte surveillance. Issus de la vente d'hydrocarbures par l'Iran, ces fonds avaient été bloqués à la suite de sanctions américaines.

Téhéran a de son côté assuré avoir la possibilité d'user autrement de cette enveloppe et pas seulement pour acheter des médicaments et de la nourriture.

Après ce versement, l'Iran n'aura plus beaucoup de ressources bloquées dans d'autres pays, a affirmé lundi le porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani.