L'industrie de l'humour s'est toujours située à l'écart de celles des autres disciplines artistiques. Dans les années 1980, elle est devenue de plus en plus présente, voire imposante. La chercheuse à l'Observatoire de l'humour (OH) Christelle Paré raconte comment cette industrie s'est transformée depuis 40 ans.
Après les succès d’humoristes tels que Les Cyniques, Yvon Deschamps et Clémence DesRochers, l’industrie change, dans les années 1980, avec la création des Lundis des Ha!Ha! et du festival Juste pour rire.
À partir de 1982, les Lundis des Ha!Ha!, menés par le duo Ding et Dong, rassemblent un public dans une petite salle, le Club Soda, à Montréal. « On est encore dans l’amateur, presque dans l’artisanal », affirme Christelle Paré, dans « un nid, [une] maison où les artistes vont pouvoir se rassembler, échanger entre eux, et à ce moment-là, faire entre eux leur propre éducation artistique ».
Fondé en 1983, le festival Juste pour rire se fait rapidement remarquer avec ses galas. L’humoriste André-Philippe Gagnon devient célèbre en 1985 grâce à son imitation de la chanson américaine We Are the World. Cette même année, Just for Laughs voit le jour. « Ce qui va faire que Montréal va devenir LA plaque tournante de l’industrie de l’humour anglophone entre autres, mais [aussi de] l’industrie de l’humour nord-américaine, c’est que Just for Laughs […] est un endroit où les investisseurs, les producteurs, les grandes maisons médiatiques viennent à Montréal faire leur magasinage de talents », explique Chistelle Paré.
En 1988, l’École nationale de l’humour ouvre ses portes. Elle offre depuis 1993 une formation postsecondaire. Elle a « structuré la diffusion de l’apprentissage de l’art » et est « très axée sur les besoins de l’industrie », poursuit la chercheuse. Cet établissement a contribué énormément à « la légitimité du milieu », à « la forme artistique » de l’humour et à sa « professionnalisation ».
Une reconnaissance accrue
Jusqu’en 1997, un trophée de l’ADISQ récompense le meilleur vendeur de billets de spectacle d’humour. Pour souligner plus clairement le talent des humoristes, deux gestionnaires de cette industrie mettent sur pied le Gala Les Olivier, surtout pour « mettre en lumière l’art derrière le système économique ».
En somme, l’humour au Québec a bien changé en 40 ans. Christelle Paré décrit comment certains autres moments phares, survenus dans les années 2000, ont modifié cette industrie et même le genre d’humour de ses artisans.