Un article écrit par Radio-Canada

Mince lueur d’espoir pour des travailleurs d’une usine de transformation à Escuminac

Économie > Industrie des pêches

Les propriétaires avaient annoncé l’hiver dernier la fermeture temporaire de l’usine.

L’usine de transformation de homard Raymond O'Neill & Son Fisheries, à Escuminac, au Nouveau-Brunswick, pourrait rouvrir cette année, mais avec des activités très réduites et un nombre limité de travailleurs.

En janvier, Atlantic Sustainable Catch, la société mère de l’usine d’Escuminac, avait annoncé qu’elle serait fermée temporairement.

Des travailleurs s'étaient fait offrir d’aller travailler à l’autre usine qui appartient à la même compagnie, à Grande-Digue, à plus d'une heure de route de là.

Dans les semaines à venir, avec le début de la saison du homard, nous prévoyons de temporairement redémarrer une petite ligne de production de homard congelé sur notre site à Escuminac, a confirmé mercredi dans un courriel à Radio-Canada Acadie le propriétaire de Suncoast Seafood, Luc Doiron.

Nous estimons que cette activité emploiera environ 30 à 40 personnes pendant la saison printanière du homard, dit-il.

Environ 135 personnes travaillaient à Escuminac. Nous avons contacté nos anciens employés avec des offres d’emploi, affirme Luc Doiron.

La plupart des activités continueront toutefois de se faire à l’usine de Grande-Digue (Suncoast Seafood). Les deux usines appartiennent à une société privée d’investissement américaine – ACON Investments – qui a acheté les deux établissements en 2021.

Une fermeture qui a un impact majeur

Dans la communauté, la perte récente de plus d’une centaine d’emplois avait été une bien mauvaise nouvelle.

Ça fait mal à notre petite paroisse. On est 1000, peut-être bien, dans la population, a dit le pêcheur Thomas McIntyre, rencontré mercredi au quai d’Escuminac. Ç’a été un gros choc. Un gros, gros choc pour notre petite paroisse, pour sûr.

Plusieurs pêcheurs ont confié que les informations venant de l’entreprise n’étaient pas claires.

Ç'a jamais été défini exactement quoi ce qui se passait. Ils disent que ça n’allait pas ouvrir pour 2024, puis si vous voulez travailler, vous drivez 90 minutes à l'autre usine à Grande-Digue. C'est tout ce qu'on savait, déclare le capitaine Kenneth Gibbs, un pêcheur de homard dont l’épouse a dû aller travailler à un autre endroit.

Ils disent rien, on sait rien pour cette shop-là, soupire Thomas McIntyre.

Le changement d’usine n’est pas une bonne affaire pour bien des travailleurs d’Escuminac. Grande-Digue n’est pas la porte à côté. Ça va coûter une fortune pour aller travailler, ils vont peut-être bien faire 16 piastres l'heure, affirme Kenneth Gibbs.

Un impact majeur dans la communauté

Des pêcheurs ont fait des arrangements différents pour s’adapter à la fermeture d’O’Neill.

Certains, comme Thomas McIntyre, ne vendaient pas leur homard à cet acheteur. Il y a des pêcheurs que ça va déranger, pour sûr, c'est garanti.

Si la shop ouvre pas ce printemps, ils vont vendre à Baie Ste Anne Seafoods, avance Kenneth Gibbs.

C’est habituellement où on vend notre homard, c’est notre acheteur, explique Steven Green, qui pêche à Escuminac depuis sept ans. Il connaît l’importance de l’usine O’Neill dans la communauté qu’il a adoptée.

Si les portes restent fermées, ça va faire mal à la communauté et ça va avoir un impact majeur, financièrement et socialement, dit M. Green.

Pour le moment, la priorité d’Atlantic Sustainable Catch demeure les installations de Grande-Digue. En janvier, les propriétaires évoquaient l’instabilité de l’industrie pour justifier la décision prise à Escuminac.

Luc Doiron a précisé mercredi que c'était une réponse à la volatilité continue de l'offre et de la demande [du homard] qui ont un impact sur l'ensemble du secteur.

À mesure que les conditions du marché s'améliorent, nous espérons pouvoir résumer des activités normales sur les deux sites, a avancé Luc Doiron, de Suncoast Seafood, dans son courriel de mercredi.

D’après le reportage de Nicolas Steinbach