Un article écrit par Joane Bérubé

Pas de rétablissement du maquereau avant au moins 2030

Environnement > Protection des espèces

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Les biologistes de Pêches et Océans estiment que les stocks de maquereaux bleus pourraient prendre de sept à neuf ans avant de se reconstituer (archives).

Les biologistes de Pêches et Océans estiment que les stocks de maquereaux bleus pourraient prendre de sept à neuf ans avant de se reconstituer.

Et c’est un chiffre qui est très incertain, nuance la chercheuse de l’Institut Maurice-Lamontagne à Mont-Joli, Elisabeth Van Beveren. Plusieurs conditions doivent être réunies pour permettre le rétablissement du stock, dont la pêche aux États-Unis qui se poursuit.

Clairement, ça va dépendre de beaucoup de scénarios. Ça va dépendre du recrutement, c’est-à-dire le nombre de nouveaux maquereaux qui vont entrer dans la population, ça va dépendre des États-Unis, s’ils vont augmenter leur quota ou baisser leur quota. Alors il y a beaucoup de facteurs qui peuvent influencer, indique la biologiste.

Parmi ces facteurs figure le nombre de géniteurs qui est très bas. On voit aussi que dans les dernières années, la moyenne de recrutement a été très faible, relève la biologiste.

Peu de données

La prédation fait aussi partie de l’équation. Les biologistes n’ont pas une idée très précise de son impact. Le phoque, plus présent ces dernières années dans le golfe, est un prédateur, mais d’autres espèces le sont aussi, et pourraient même avoir un impact plus important. C’est le cas, entre autres, du fou de Bassan.

La pêche récréative demeure aussi un enjeu, même si depuis l’an dernier, le ministère a imposé des limites de prises quotidiennes. La pêche sur les quais demeure très populaire dans les provinces du golfe et de l’Atlantique, mais demeure presque impossible à comptabiliser puisque la pêche se fait sans permis. Cette pêche en demeure toutefois une très limitée. Ça change peu les chances du stock de se rétablir, estime Elisabeth Van Beveren.

De plus, l’état des stocks s’est légèrement détérioré depuis la dernière évaluation.

Ce n’est pas une très bonne nouvelle puisque la biomasse était déjà dans ce que les biologistes appellent la zone critique. Mme Van Beveren souligne que la situation critique du maquereau n’est pas récente. L’espèce est dans cette zone depuis un peu avant 2011 et ce déclin serait attribuable à la surpêche.

Selon le ministère, à ce niveau, la ressource risque de subir de graves dommages, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l’écosystème et d’autres espèces.

Le stock est tombé encore un peu plus loin dans cette zone critique, commente la biologiste du MPO. Sans donner d’estimation sur l’ensemble de la biomasse, la scientifique indique que la ressource n’est qu’à 42 % du seuil de sortie de la zone critique.

Le ministère des Pêches et des Océans attendait les résultats de cette évaluation avant de se prononcer sur la pêche commerciale de la ressource, utilisée comme appât par les homardiers.

Lorsqu’un stock a atteint la zone critique, on doit mettre en place un plan de rétablissement qui permettra, avec un taux de probabilité élevé, d’assurer la progression du stock hors de la zone critique dans un délai raisonnable.

Extrait du Cadre décisionnel incluant l’approche de précaution de Pêches et Océans Canada.

L’an dernier, la ministre des Pêches Joyce Murray a imposé un moratoire sur la pêche printanière. Les pêcheurs pélagiques, de maquereaux et harengs, n'ont reçu aucune compensation pour l'arrêt de leur pêche et demandent l'aide d'Ottawa depuis plusieurs mois.

Ils avaient espéré rencontrer la ministre lors de son récent passage en Gaspésie, mais sans succès.

Le moratoire était d’ailleurs une possibilité envisagée depuis quelques années avant que la ministre Murray le décrète.