Un article écrit par Radio-Canada

Les forêts de montagne disparaissent à un rythme qui s’accélère

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La forêt ancienne du sud-est de la Colombie-Britannique, près de Revelstoke, est prisée par l'industrie.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
La forêt ancienne du sud-est de la Colombie-Britannique, près de Revelstoke, est prisée par l'industrie.

L'exploitation forestière, les incendies et l'agriculture causent la disparition des forêts de montagne à un rythme de plus en plus rapide, selon une nouvelle étude publiée vendredi.

Les montagnes abritent 85 % des oiseaux, mammifères et amphibiens du monde, notamment dans les forêts, ce qui rend la perte de celles-ci alarmante pour la biodiversité.

Les forêts de montagne recouvraient 1,1 milliard d'hectares de la planète en 2000, selon les auteurs de cette étude publiée dans la revue One Earth.

Au moins 78,1 millions d'hectares, soit 7,1 % du total, ont disparu entre 2000 et 2018, ont-ils déterminé grâce aux données de satellites. Cela représente une zone plus grande que le Texas.

Et le rythme de leur disparition s'accélère : les pertes récentes étaient 2,7 fois plus importantes qu'au début du siècle.

Les auteurs de ces travaux insistent en particulier sur le fait que les zones les plus touchées (42 % du total), et qui voient également l'accélération la plus importante, sont les forêts tropicales de montagne, qui abritent un trésor de diversité et sont le refuge de nombreuses espèces menacées.

Les pertes de forêts de montagne dans les zones tropicales augmentent très rapidement, davantage que dans les autres régions. La biodiversité étant très riche à ces endroits, l'impact est immense.

Zhenzhong Zeng, coauteur de l'étude

L'altitude et les fortes pentes ont historiquement limité l'exploitation de ces forêts par les humains, notent les chercheurs, mais, depuis le tournant du siècle, elles ont de plus en plus été ciblées pour leur bois et l'agriculture.

Les causes

L'exploitation forestière est responsable de 42 % de la perte de forêts de montagne, suivie des feux de forêt (29 %), de l'agriculture itinérante (15 %) et de l'agriculture permanente ou semi-permanente (10 %), selon l'étude.

L'agriculture itinérante implique de défricher une terre et de l'utiliser pour quelques années avant de l'abandonner jusqu'à ce qu'elle redevienne fertile.

Les facteurs sont différents selon les régions. Pour les zones boréales, c'est causé par le changement climatique, car il y a une hausse des températures particulièrement marquée dans l'Arctique, favorisant les incendies.

Zhenzhong Zeng, coauteur de l'étude

Nous devons réduire l'utilisation de combustibles fossiles pour ralentir le changement climatique, a-t-il souligné.

L'expansion de l'agriculture est le facteur le plus important pour les pertes enregistrées en Asie du Sud-Est.

Les gens plantent davantage d'arbres à caoutchouc ou de palmiers à huile pour obtenir davantage de produits, explique Zhenzhong Zeng. Et ils ont besoin de plus de terres pour faire pousser du maïs et nourrir leurs poulets.

L'agriculture itinérante se pratique surtout en Afrique et en Amérique du Sud.

Selon l'étude, c'est en Asie que la disparition des forêts de montagne est le plus prononcée : 39,8 millions d'hectares, soit un peu plus de la moitié du total perdu.

L'Amérique du Sud, l'Afrique, l'Australie et l'Europe ont également enregistré des pertes importantes.

Dans les zones tropicales, il faut que les gens vivent avec la forêt, pas qu'ils la coupent.

Zhenzhong Zeng, coauteur de l'étude

Dans certaines zones, les scientifiques ont observé une repousse, mais pas toujours composée des espèces locales. Surtout, cela ne compense pas les pertes, a souligné Xinyue He, autre coauteure de l'étude.

Les efforts de préservation des forêts doivent être intensifiés, a-t-elle dit, avec davantage de contrôle et de réglementation. Selon elle, établir des zones protégées peut aider à réduire les pertes.