Un article écrit par Pascal Robidas

Un colis illégal de 45 000 $ tombé du ciel... dans sa cour arrière

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Près d'un kilogramme de cannabis est tombé dans la cour arrière d'une résidence privée du nord de Montréal.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Près d'un kilogramme de cannabis est tombé dans la cour arrière d'une résidence privée du nord de Montréal.

Un résident du nord de Montréal a eu la surprise de sa vie lorsqu'il a découvert, suspendu à sa corde à linge, un colis contenant près d'un kilogramme de cannabis et des téléphones cellulaires, notamment.

La marchandise retrouvée dans la cour arrière de Michel (nom fictif pour assurer sa sécurité) se serait écoulée à environ 45 000 $ sur le marché noir si elle s'était rendue à l'intérieur de l'Établissement de détention de Montréal, connu aussi sous le nom de prison de Bordeaux, là où la livraison devait se faire.

J'habite à plus de quatre kilomètres de la prison. Toute la famille est encore stupéfaite d'avoir retrouvé ce colis qui est clairement tombé accidentellement d'un drone. C'était long d'au moins sept mètres et très bien scellé, a raconté l'homme. Après cette découverte, il a aussitôt appelé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour se débarrasser dès que possible du paquet.

Les probabilités que ce colis tombe du ciel chez moi étaient infiniment minces. Personnellement, j'aurais préféré remporter un montant avec Loto-Québec!

Michel, résident qui a reçu du ciel un colis du crime organisé

Selon nos sources policières, le SPVM a découvert à l'intérieur du paquet en serpentin près d'un kilogramme de cannabis, du haschich, du tabac, une arme blanche artisanale et des téléphones cellulaires miniatures comportant des cartes SIM donnant accès au réseau LTE.

Au premier regard, c'est une livraison par voie aérienne qui devait se faire précisément à la fenêtre d'une cellule. La forme en serpentin permet au détenu de glisser tout le contenu à l'intérieur des murs, entre les barreaux très étroits de la prison, a expliqué le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec, Mathieu Lavoie.

En considérant qu'à lui seul, le cannabis se vend cinq fois plus cher à l'intérieur des murs que dans la rue, c'est un colis de plus de 45 000 $ qui a été perdu par le crime organisé. Il y a quelqu'un, quelque part, qui vient de s'endetter lourdement auprès d'une organisation criminelle, parce qu'il n'a pas pu compléter la livraison tel que prévu.

Mathieu Lavoie, président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec

Valeur du cannabis et d'un cellulaire en prison

Cannabis sur le marché noir carcéral : environ 50 $/gramme (10 $/gramme dans la rue)

Cellulaire avec carte SIM : environ 1000 $ chacun (200 $ en magasin)

Source : Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec

Un marché fonctionnant par territoires

Selon un enquêteur aux crimes majeurs du SPVM qui n'a pas l'autorisation de commenter l'événement, les motards criminels contrôlent actuellement le marché noir très lucratif à l'intérieur des murs des prisons provinciales au Québec.

D'abord, ce n'est pas tout le monde qui peut livrer des stupéfiants à l'intérieur des murs. C'est un marché très contrôlé par territoire, au même titre que l'on peut découper la Ville de Montréal en territoires pour vendre de la drogue. Il y a des gens qui ont payé très cher physiquement d'avoir tenté de contourner les motards criminalisés, a indiqué notre source policière.

Selon nos informations, le SPVM recevrait plus de 300 plaintes par année de résidents pestant contre la présence et le bruit produit par des drones. Ces plaintes concernent aussi parfois des paquets suspects retrouvés sur des terrains de citoyens habitant près de prisons.

Pour pouvoir contrôler et alimenter le marché noir de livraison par drone dans les prisons, il faut avoir les poches profondes. Ce sont des engins qui coûtent cher à acheter et remplacer pour monsieur, madame Tout-le-Monde, parce qu'ils doivent être performants. On ne parle pas du modèle de base en vente chez Best Buy.

Un enquêteur aux crimes majeurs du SPVM

Les drones utilisés ont une portée allant jusqu'à cinq kilomètres du pilote qui effectue la livraison. On sait également qu'ils sont précis au point d'atteindre une cible aussi petite qu'une pièce d'un dollar. Le problème, ce sont les vents violents qui font décrocher les paquets dans les airs, les écrasements de drone et toutes sortes d'incidents qui peuvent arriver avant la destination, a ajouté le policier.

Le colis récupéré par le SPVM a été saisi pour analyse. La totalité de son contenu sera bientôt détruite dans un incinérateur.