Un article écrit par Radio-Canada

Tollé contre un ministre israélien d’extrême droite niant l’existence des Palestiniens

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Bezalel Smotrich (à droite) a tenu des propos controversés sur la Palestine.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Bezalel Smotrich (à droite) a tenu des propos controversés sur la Palestine.

L'Autorité palestinienne et plusieurs pays arabes ont fermement dénoncé lundi les propos d'un ministre israélien d'extrême droite ayant nié l'existence des Palestiniens comme individus et comme peuple.

Il n'y a pas de Palestiniens, car il n'y a pas de peuple palestinien, a déclaré dimanche soir le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, lors d'une visite privée à Paris, selon une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux.

Ce genre de commentaire n'aide pas du tout, a déclaré Farhan Haq, porte-parole du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. L'ONU continuera à soutenir les droits du peuple palestinien et à pousser pour une solution à deux États, israélien et palestinien, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, a-t-il ajouté.

M. Smotrich a fait ces déclarations le jour même de pourparlers en Égypte pour tenter d'atténuer les tensions à l'approche du ramadan et alors que le conflit israélo-palestinien est aspiré dans une nouvelle spirale de violence ayant fait déjà plus de 100 morts depuis le début de l'année.

Après 2000 ans d'exil, les prophéties [de la Bible] commencent à se réaliser et [...] le peuple d'Israël retourne chez lui, a déclaré M. Smotrich.

Il y a des Arabes autour qui n'aiment pas cela, alors que font-ils? Ils inventent un peuple fictif et prétendent à des droits fictifs sur la terre d'Israël.

Bezalel Smotrich, ministre des Finances d'Israël

Ces propos incendiaires selon lesquels il n'y a pas de peuple palestinien et que celui-ci est une invention [...] sont une preuve irréfutable du racisme de l'idéologie sioniste extrémiste du gouvernement israélien dirigé par Benyamin Nétanyahou, a déclaré le premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh.

Pour M. Smotrich, c'est la vérité historique, c'est la vérité biblique [...] et cette vérité, les Arabes en Israël doivent l'entendre [et elle] doit être entendue ici au palais de l'Élysée, et à la Maison-Blanche à Washington.

Condamnation généralisée

Ces paroles témoignent de la politique raciste et fasciste d'Israël, a déclaré le mouvement islamiste Hamas, appelant la communauté internationale, dont la France, à prendre fermement position contre l'occupation israélienne des Territoires palestiniens.

M. Smotrich a tenu ses propos derrière un pupitre avec une carte figurant un Israël incluant les territoires qu'il occupe depuis 1967 et la Jordanie voisine.

Condamnant des propos relevant d'un racisme extrême, le ministère jordanien des Affaires étrangères a prévenu que l'utilisation d'une [telle] carte pourrait être une violation du traité de paix israélo-jordanien de 1994.

L'ambassadeur israélien en Jordanie a ensuite été convoqué par les autorités qui lui ont remis une lettre de protestation aux termes forts qu'il doit transmettre à son gouvernement, a indiqué le ministère jordanien en soirée.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a affirmé l'attachement d'Israël à l'accord de paix avec Amman, assurant que la position de l'État d'Israël, qui reconnaît l'intégrité territoriale du Royaume hachémite, n'[avait] pas changé.

Le Caire a qualifié les propos de M. Smotrich de racistes, incendiaires et inacceptables.

Tentative de désescalade

Les discussions de dimanche en Égypte ont accouché d'un communiqué semblable à celui d'une rencontre similaire tenue en Jordanie le 26 février et faisant part d'un engagement d'Israël et de l'Autorité palestinienne pour une désescalade, qui n'avait alors guère été suivi d'effets.

Alors même que se tenait la réunion en Jordanie, deux jeunes colons israéliens avaient été tués par balles dans leur voiture à Huwara, localité palestinienne du nord de la Cisjordanie occupée. En représailles, des colons avaient attaqué Huwara et incendié des dizaines de bâtiments et de voitures.

Je pense que Huwara devrait être anéantie, avait déclaré de son côté M. Smotrich, avant de se rétracter face au tollé international provoqué par cette déclaration.

Autre figure d'extrême droite au sein du gouvernement Nétanyahou, Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a annoncé la fermeture, à Jérusalem-Est annexée, d'un bureau de production travaillant pour le compte de la Radio-Télévision publique palestinienne, affirmant que cette société n'était pas régulièrement enregistrée auprès des autorités israéliennes et l'accusant d'incitation à la haine.

Interrogé par l'AFP, Ahmad Assaf, chef de l'audiovisuel public palestinien, a rappelé que le bureau de Palestine TV à Jérusalem-Est avait été fermé par Israël en 2018 et a condamné la décision de M. Ben Gvir comme crime contre le journalisme.

Israël a annoncé parallèlement des mesures pour alléger les restrictions imposées aux Palestiniens et censées leur permettre de se rendre en plus grand nombre prier sur l'esplanade des Mosquées de Jérusalem – troisième lieu saint de l'islam – pendant le ramadan, qui doit commencer mercredi ou jeudi.