Un article écrit par Radio-Canada

La Cour suprême se penche sur la constitutionnalité de la Loi sur l’évaluation d’impact

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Les audiences à la Cour suprême du Canada au sujet de la constitutionnalité de la Loi sur l'évaluation d'impact commencent aujourd'hui.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Les audiences à la Cour suprême du Canada au sujet de la constitutionnalité de la Loi sur l'évaluation d'impact commencent aujourd'hui.

Pendant deux jours, le procureur général du Canada et celui de l’Alberta présenteront leurs arguments au sujet de la constitutionnalité de la Loi sur l’évaluation d’impact, également connue sous son numéro de projet de loi : C-69.

C’est l’étape ultime d’un affrontement légal entre le fédéral et la province qui a commencé en 2019, lorsque la loi a reçu la sanction royale. Cette loi modifie entre autres le processus des évaluations environnementales.

L'Alberta affirme de son côté que la loi empiète sur la compétence provinciale sur les ressources naturelles entérinée dans la Constitution. Le fédéral, quant à lui, estime notamment que sa loi ne sort pas du cadre de ses compétences sur les questions environnementales.

Nous sommes convaincus qu’elle est constitutionnelle, avait déclaré en mai dernier le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, lorsque la Cour d’appel de l’Alberta avait donné raison à la province.

Quatre juges sur cinq ont estimé que la loi est inconstitutionnelle, car selon eux, le pouvoir législatif du gouvernement fédéral au sujet de l'environnement n’est pas unilatéral.

La cinquième juge de la Cour d’appel a déterminé dans son opinion dissidente que la loi est constitutionnelle. Elle a notamment soulevé la nécessité d'une coopération entre les gouvernements provinciaux et fédéral au sujet du changement climatique.

Vers une meilleure clarification des compétences

L’Alberta a le soutien de quelques provinces comme l’Ontario et la Saskatchewan, mais aussi de certaines Premières Nations et d’organisations, comme l’Indian Resource Council, un regroupement autochtone voué au développement des ressources naturelles.

Cette loi donne au fédéral un droit de veto sur les activités d’exploration et d’exploitation et c'est injuste, dit Stephen Buffalo, président de l’Indian Resource Council. Il soutient d’ailleurs que les groupes qui représentent les autochtones n’ont pas été consultés au moment d'écrire le projet de loi.

Nous voulons que les questions environnementales soient prises en compte, cependant, les Premières Nations qui travaillent [dans le secteur des ressources naturelles] doivent être consultées pour protéger nos droits, explique-t-il, ajoutant qu’il faut prendre en compte l’impact économique qui peut affecter nos communautés.

Le fédéral n’est pas seul dans cette bataille constitutionnelle. Des Premières Nations et des groupes de défense de l’environnement soutiennent la Loi sur l'évaluation d'impact.

Selon David Wright, professeur agrégé de la Faculté de droit de l'Université de Calgary, ce bras de fer entre le fédéral et l'Alberta aura des conséquences positives sur le pays. On peut se dire que cette cause n’est qu’un acte tragique de théâtre politique, mais à long terme, ce genre d’échange permet de clarifier la loi.

David Wright est aussi l'un des représentants légaux de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.

Absence du juge Brown

Par ailleurs, la première ministre de la province, Danielle Smith, regrette que le juge Russell Brown ne participe pas aux procédures en raison d’une plainte pour inconduite déposée contre lui en janvier.

Originaire de Vancouver, le juge Brown a fait sa carrière en Alberta avant d’être nommé juge à la Cour suprême du Canada, en 2015. C’est dommage qu’il ne soit pas là pour ça, a dit Danielle Smith lors de son émission radio.

Les juges de la Cour suprême qui seront présents entendront les témoignages d’une trentaine d’intervenants. Les audiences prendront fin mercredi.

Avec des informations d'Elise von Scheel