Un article écrit par Radio-Canada

Événement organisé à Ottawa en soutien à Hassan Diab avant son procès à Paris

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Hassan Diab sera jugé à Paris à compter du 3 avril prochain.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Hassan Diab sera jugé à Paris à compter du 3 avril prochain.

Une centaine de personnes se sont réunies à Ottawa dimanche pour soutenir Hassan Diab, un chargé de cours de l’Université Carleton qui sera jugé en France dans huit jours.

Alors qu’il clame son innocence, Hassan Diab est soupçonné d'avoir orchestré un attentat à la bombe à Paris en 1980.

Aujourd’hui âgé de 69 ans, ce Canadien d’origine libanaise se trouve au cœur d’une véritable saga judiciaire qui dure depuis plus de 40 ans et qui a connu de nombreux rebondissements.

M. Diab était présent au rassemblement organisé par ses sympathisants dans un bâtiment appartenant à l'Université Carleton dimanche. Il en a profité pour remercier toutes les personnes qui lui apportent leur soutien de presque partout dans le monde.

M. Diab a qualifié sa situation de cauchemar qui n’en finit pas, un fiasco aussi, une situation kafkaïenne, que même Kafka n’aurait pas osé écrire.

Mobilisation du gouvernement fédéral demandée

Son comité de soutien à Ottawa, qui comprend notamment des étudiants de l’Université Carleton, demande l’abandon des charges contre lui. Parlant de parodie de justice, il invite également le premier ministre Justin Trudeau à s’engager publiquement à s’opposer à une deuxième extradition de M. Diab.

Étudiant en sciences politiques et en sociologie et membre d’un cours qui travaille avec le comité de soutien d’Hassan Diab, Nicholas Renaud estime que le gouvernement fédéral doit agir.

On a envoyé quelques courriels aux conseillers d’Ottawa ainsi qu’au premier ministre [...] pour [faire annuler] l’acte d’extradition ou simplement pour permettre que Hassan Diab ne soit pas extradé tant que les toutes les preuves ne pointent pas dans la direction où ce serait lui le coupable.

Présent à cette activité publique, l’ancien directeur d'Amnistie internationale Canada, Roger Clark, s’avoue quant à lui inquiet quant au résultat du procès à venir puisque des abus de procédure ont, selon lui, eu lieu en France dans d’autres procès.

Les preuves qui ont été présentées [lors desdits procès] ont été soit oubliées, soit négligées, soit mises à côté, soit complètement renversées.

Un procès trop risqué pour Hassan Diab

Affirmant depuis toutes ces années qu’il n’était pas présent à Paris lors de l’attaque à la bombe, M. Diab a été extradé une première fois en France en novembre 2014. Il a ensuite été emprisonné pendant près de trois ans avant d’être finalement libéré, faute de preuves.

Toutefois, la cour d’appel, puis de cassation, ont ordonné en 2021 qu’il comparaisse à nouveau devant la justice. Son procès débutera à Paris le 3 avril prochain, même si M. Diab ne s’y rendra pas.

Il y a certainement un risque personnel, estime M. Clark, expliquant que les avocats de M. Diab ont clairement fait savoir qu’il n’était pas question qu’il assiste à son procès.

Parlant d’une islamophobie rampante en France, l’ancien directeur d’Amnistie internationale Canada pense qu’il y existe une volonté politique et sociale de trouver un coupable pour n’importe quelle attaque terroriste.

S’il exprime ses sympathies envers les victimes qui ont subi cette attaque à la bombe en 1980, il affirme que le fait de ramener une nouvelle fois M. Diab à la barre sans preuve probante de sa culpabilité ne leur rendra aucunement justice.

Avec les informations de Fiona Collienne