Un article écrit par Radio-Canada

Transfert de Paul Bernardo : le Service correctionnel va réexaminer la décision

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Un dessin de cour de Paul Bernardo lors d'une comparution par visioconférence à Napanee, en 2018.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Un dessin de cour de Paul Bernardo lors d'une comparution par visioconférence à Napanee, en 2018.

La commissaire du Service correctionnel du Canada a demandé qu’un examen supplémentaire soit mené à la suite de la décision de transférer le meurtrier en série Paul Bernardo dans un établissement correctionnel à sécurité moyenne au Québec.

Nous voulons que les Canadiens aient confiance en nos décisions, écrit l’agence dans un communiqué lundi.

La commissaire Anne Kelly a donc « ordonné un examen supplémentaire de la cote de sécurité de ce délinquant pour s'assurer qu'elle était appropriée, qu'elle était fondée sur des preuves et, plus important encore, qu'elle tenait adéquatement compte des victimes ».

Paul Bernardo est emprisonné depuis 1993 pour l’enlèvement, l’agression sexuelle et le meurtre de deux adolescentes ontariennes.

Décision vivement critiquée

À Ottawa, plus tôt dans la journée, le premier ministre Justin Trudeau avait déclaré qu’il comprenait que les Canadiens soient consternés et choqués par le transfert de ce meurtrier dans une prison à sécurité moyenne.

Il avait affirmé que le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, aborderait la question avec la commissaire des Services correctionnels.

Le ministre de la Sécurité publique a pour sa part qualifié la décision d’incompréhensible.

Il a raconté qu’il s’était entretenu avec la commissaire Kelly et qu’elle l’avait assuré que la décision ferait l’objet d’un examen.

Le ministre a toutefois expliqué que son bureau n’avait pas le pouvoir d’annuler la décision du Service correctionnel.

On va continuer à mettre l'accent sur une approche qui va accorder la priorité aux victimes et aux survivants, sans oublier la sécurité publique, ce qui est le plus important, a-t-il déclaré.

Paul Bernardo devrait pourrir dans une prison à sécurité maximale pour le reste de sa misérable existence, a pour sa part déclaré le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford.

Nous sommes de tout cœur avec les victimes et leurs familles, a-t-il ajouté.

Plus de transparence réclamée

Ces propos ont été repris par l'avocat des familles des jeunes victimes de Bernardo, Tim Danson. Il a appelé le Service correctionnel du Canada à être plus transparent quant à ce qui a conduit à son transfert dans un établissement à sécurité moyenne.

Tim Danson représente les proches de Kristen French, âgée de 15 ans, et de Leslie Mahaffy, âgée de 14 ans, que Bernardo a kidnappées, torturées et assassinées au début des années 1990.

M. Danson dit avoir été informé par téléphone la semaine dernière que Bernardo, qui purgeait une peine d'emprisonnement à perpétuité à l'établissement à sécurité maximale de Millhaven, près de Kingston, en Ontario, avait été transféré dans un établissement à sécurité moyenne au Québec.

Il a déclaré que le Service correctionnel du Canada, citant le droit à la vie privée de Bernardo, avait refusé de répondre aux questions sur la raison de ce transfert. M. Danson affirme qu'il est également incapable de savoir si ce meurtrier en série et délinquant sexuel a une protection rapprochée en prison ou socialise avec d'autres détenus, ce que cette classification de sécurité permet.

C'est un des tueurs sadiques et psychopathes les plus notoires du Canada, a-t-il déclaré à La Presse canadienne.

Nous avons besoin que le public, en masse, par millions, écrive au ministre, à la commissaire des Services correctionnels et aux membres du Parlement pour exprimer son indignation à ce sujet. Le secret ne fonctionnera pas. Nous voulons de la transparence.

Paul Bernardo, aujourd'hui âgé de 58 ans, a été reconnu coupable des meurtres prémédités de Kristen French et Leslie Mahaffy. Il a également été reconnu coupable d'homicide involontaire dans l'affaire de la mort, en 1990, de Tammy, la sœur de Karla Homolka, âgée de 15 ans. Il a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle pendant les 25 premières années.