Le gouvernement conservateur de Blaine Higgs va déposer son budget mardi prochain. Au cours des dernières années, le ministre des Finances a grandement sous-estimé ses revenus et surestimé ses dépenses. Résultat : la province nage dans des surplus sans précédent.
862 millions de dollars. Voilà l'estimation pour le dernier surplus budgétaire (2022-2023) du Nouveau-Brunswick. Ce surplus s’ajoute à celui de l’année précédente, qui se chiffre à 777 millions de dollars.
Pour un premier ministre qui a bâti l’essentiel de sa carrière politique sur la promesse de mettre de l’ordre dans les finances publiques, c’est mission accomplie.
Blaine Higgs se trouve ainsi à la croisée des chemins. Et maintenant, où aller?
Dans la population – frappée par une inflation galopante, un coût du logement plus élevé que jamais et des dépenses qui ne cessent de croître –, ces bonnes nouvelles budgétaires
ont peu d’impact positif au quotidien.
Si Blaine Higgs décide de délier les cordons de la bourse, il fera une entorse à sa marque de commerce : Pas de promesses coûteuses, pas de dépenses inconsidérées.
Mais s’il continue d’accumuler des surplus sans précédent alors que les services publics craquent de tous les côtés, la population pourrait ne pas comprendre en quoi une dette réduite améliore leur vie.
Blaine Higgs semble en être quelque peu conscient.
Déjà, en novembre dernier, le premier ministre a annoncé des réductions d’impôts – une mesure qui favorisera les mieux nantis, qui représente en moyenne 310 $ par Néo-Brunswickois et qui coûtera 68 millions de dollars au trésor public. Rien pour mettre en péril les surplus des dernières années.
L’autre grande mesure du gouvernement est d’avoir donné deux chèques de 225 $ aux personnes à faible revenu, ou 450 $ pour les familles, comme aide d’urgence pour le carburant et la nourriture. Là encore, la mesure, qui touche 69 000 ménages, ne fait pas une grande brèche dans les surplus. Coût total : 42,1 millions de dollars.
Mardi prochain, le ministre des Finances Ernie Steeves se lèvera en Chambre pour présenter l’avant-dernier budget du gouvernement avant l’élection de 2024. Peut-on s’attendre à de grandes dépenses dans les programmes gouvernementaux? Probablement pas.
Il y a quelques mois, il disait encore : Nous avons des revenus sans précédent. Ils ne dureront pas. L’avenir est incertain.
Peut-être assisterons-nous à quelques réductions d’impôts ou autres avantages fiscaux pour les contribuables, mais les grands programmes et les investissements massifs dans les infrastructures ne font pas partie de l’ADN de ce gouvernement et de ce premier ministre.
La pression populaire – et surtout les députés conservateurs qui sont bien au fait des problèmes de logement, d’inflation et de pauvreté qui frappent leurs concitoyens – forcera-t-elle Blaine Higgs et son ministre des Finances à délier les cordons de la bourse? Il y a fort à parier que non.