Un article écrit par Radio-Canada

Ingérence étrangère : Katie Telford, cheffe de cabinet de Justin Trudeau, témoignera

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Dans une motion déposée lundi, les conservateurs exigeaient le témoignage de Katie Telford.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Dans une motion déposée lundi, les conservateurs exigeaient le témoignage de Katie Telford.

Volte-face chez les libéraux : le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a annoncé mardi que sa cheffe de cabinet, Katie Telford, a accepté de comparaître devant le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre des communes dans la foulée des allégations d'ingérence chinoise dans la politique canadienne.

Le témoignage aura lieu entre le 3 et le 14 avril et durera au moins deux heures, selon le libellé de la motion entérinée en comité parlementaire. D'autres témoins seront aussi appelés à comparaître, notamment les directeurs nationaux de campagne pour les libéraux et les conservateurs dans le cadre des dernières élections.

M. Trudeau a toutefois précisé que la cheffe de cabinet ne pourra pas répondre à toutes les questions des conservateurs, sous prétexte qu'il existe de sérieuses contraintes sur ce qui peut être dit en public au sujet des questions sensibles de renseignement.

Depuis plusieurs semaines, le Parti conservateur demandait que Mme Telford soit interrogée sur les tentatives chinoises d'influencer les élections fédérales de 2019 et de 2021, décrites dans une série de reportages du réseau Global et du quotidien The Globe and Mail.

Les députés libéraux avaient jusque-là pu résister aux pressions exercées par les conservateurs, qualifiées par le premier ministre de théâtre politique et de cirque partisan.

Tensions sur fond de motion conservatrice

Le chef conservateur Pierre Poilievre avait accentué la pression en déposant lundi, à la Chambre des communes, une motion réclamant le témoignage de Katie Telford devant un autre comité, celui de l'éthique. Katie Telford arrive sans doute au deuxième rang des personnes les plus puissantes du gouvernement, a justifié en Chambre le député conservateur Michael Cooper.

Elle est un témoin essentiel pour se rendre au cœur du scandale, c'est-à-dire pour connaître ce que le premier ministre savait, le moment où il en a eu connaissance et ce qu'il a fait ou omis concernant l'ingérence de Pékin dans nos élections, a-t-il ajouté.

Le premier ministre avait indiqué, plus tôt dans la journée, que cette motion ne ferait pas l'objet d'un vote de confiance en Chambre, au moment où le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, menaçait de l'appuyer.

Une entente conclue en 2022 entre le Parti libéral du Canada et le NPD exige que, lors d'un tel vote, les néo-démocrates informent les libéraux des intentions de vote de leurs députés avant que celles-ci ne soient annoncées publiquement, pour permettre aux deux partis de procéder à des discussions préliminaires. Le gouvernement étant minoritaire, une défaite sur un vote de confiance pourrait en effet entraîner sa chute.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a dénoncé l'attitude du gouvernement Trudeau dans le dossier de l'ingérence étrangère et affirmé qu'il bloquait les tentatives d'obtenir des réponses importantes.

Or, les néo-démocrates se sont finalement ralliés aux libéraux et ont voté contre la motion aux Communes, qui a de ce fait été rejetée, malgré l'appui du Bloc québécois.

La motion était toujours pertinente, estiment les conservateurs

Le député néo-démocrate Charlie Angus a soutenu que la motion du Parti conservateur n'était maintenant plus importante à cause du rôle du NPD pour forcer Mme Telford [à comparaître devant le] comité.

Jagmeet Singh, en a remis en affirmant ensuite que c'était son ultimatum qui avait incité les libéraux à laisser Mme Telford témoigner.

Cette attribution de mérite par le NPD a aussitôt été balayée du revers de la main par les conservateurs, qui estiment plutôt que ce sont eux qui ont forcé la main au gouvernement Trudeau.

À chaque fois qu'il y a un enjeu et que M. Singh se lève pour le soulever à la faveur de l'opposition, tout le monde part à rire parce qu'on sait que, de l'autre côté, il donne son appui au gouvernement. Il dit un peu n'importe quoi, a commenté le lieutenant pour le Québec des conservateurs, Pierre Paul-Hus.

M. Paul-Hus a relevé que la motion conservatrice incluait la comparution de nombreux autres témoins qui ne sont donc pas convoqués, comme l'ambassadrice du Canada en République populaire de Chine, Jennifer May, et l'un de ses prédécesseurs, John McCallum.

Avec des informations de La Presse canadienne et de CBC