Un article écrit par Radio-Canada

Chemin Roxham : « On va peut-être avoir quelque chose à annoncer », dit Justin Trudeau

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Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. (Photo d'archives)Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau. (Photo d'archives)

Interrogé à la sortie d'une réunion de son caucus par la presse parlementaire, mercredi, le premier ministre Justin Trudeau y est allé d'une déclaration pour le moins sibylline à la veille de la visite du président des États-Unis, Joe Biden, au Canada, prévue jeudi et vendredi.

M. Trudeau a eu ces mots au sujet des demandeurs d'asile qui arrivent au Canada par le chemin Roxham, au Québec : On va continuer notre travail, puis on va peut-être avoir quelque chose à annoncer.

Ça fait plusieurs mois qu'on travaille de proche avec les Américains pour rétablir la situation au chemin Roxham et [qu'on] regarde l'Entente sur les tiers pays sûrs, a déclaré M. Trudeau, déclenchant un flot de questions des journalistes qui l'entouraient.

Le premier ministre Trudeau a affirmé récemment que M. Biden sait très bien que la renégociation de l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) était une priorité pour Ottawa. Le chef libéral a même parlé d'une priorité partagée sur les questions frontalières.

Il y a un mois à peine, l’ambassadeur des États-Unis au Canada, David Cohen, avait affirmé que la renégociation de l'Entente sur les tiers pays sûrs n’était pas une priorité pour l’administration du président Biden. Le chemin Roxham est un symptôme et on doit plutôt s'attaquer à la source du problème , avait-il dit.

En entrevue avec La Presse canadienne, mercredi, l'ambassadrice du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, a plutôt estimé qu'il y a en fait beaucoup de bonne volonté du côté américain pour nous écouter parler de ce défi auquel nous sommes confrontés.

Mme Hillman a soutenu que l'administration Biden n'écartait pas l'idée de renégocier le traité et qu'elle comprenait comment l'Accord sur les tiers pays sûrs affecte le flux de migrants à la frontière, qui va dans les deux sens.

Je pense que cela profite aux deux pays, et je pense en fait qu'ils le reconnaissent, a ajouté Mme Hillman.

Poilievre dit que Justin Trudeau se déresponsabilise

C’est vraiment Justin Trudeau qui a la capacité de fermer le chemin Roxham. Il devrait le faire, a commenté le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, plus tôt mercredi.

C’est lui qui indique que c’est la responsabilité de Joe Biden de protéger nos frontières. Moi, je crois que c’est le premier ministre du Canada qui doit protéger les frontières des Canadiens.

Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada

Et comme premier ministre, a-t-il ajouté, je prendrais la responsabilité de nos propres frontières et je mettrais fin à l’immigration illégale en masse qu’on voit maintenant.

Ce faisant, M. Poilievre répondrait favorablement à une demande de longue date du gouvernement québécois qui appelle Ottawa à fermer le chemin Roxham, en Montérégie, où un nombre record de 39 171 demandeurs d'asile ont été interceptés en 2022.

Une demande de longue date du Québec

Une lettre ouverte du premier ministre du Québec, François Legault, publiée dans The Globe and Mail l'hiver dernier, visait à accentuer la pression sur M. Trudeau. M. Legault allègue que la province n'a pas les capacités d'accueillir adéquatement toutes ces personnes et qu'Ottawa doit l'aider financièrement.

Cette missive faisait suite à une première lettre envoyée au premier ministre canadien quelques jours auparavant.

La demande du Québec avait interpellé les maires de Windsor, de Cornwall et de Niagara Falls, où sont transférés des demandeurs d'asile depuis l'été dernier. Ils réclament plus de clarté du fédéral au sujet des migrants du chemin Roxham et des millions de dollars en financement.

Il s'agira de la première visite officielle de l'élu démocrate au pays depuis son élection en 2020. Il sera au Canada les 23 et 24 mars.