Un article écrit par Radio-Canada

Les besoins sont criants en santé mentale

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L'éducatrice spécialisée Marilou Foisy accompagne les personnes souffrant de troubles de santé mentale. Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
L'éducatrice spécialisée Marilou Foisy accompagne les personnes souffrant de troubles de santé mentale.

La tragédie d’Amqui a relancé le débat sur l’importance des soins et services en santé mentale. Les ressources existent, mais exigent davantage de moyens pour répondre à la demande.

Et ces ressources sont bel et bien là à Sherbrooke : les Appartements supervisés 3SM accueillent des usagers ayant des besoins en santé mentale. Cet organisme offre une aide permanente, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Le but est de permettre aux usagers de gagner en autonomie.

Au sein de cet organisme, c’était journée cuisine pour François Boisvert et ses amis Isaac et Richard, samedi. Guidés par l’éducatrice spécialisée Marilou Foisy, ils préparent des boulettes farcies. Pour bien manger, mais aussi pour passer du temps ensemble, comme une famille.

François Boisvert est atteint de schizophrénie, et réside aux Appartements supervisés 3SM.  On n'est jamais laissés seuls ici, c'est ça qui est très bien, je trouve, assure-t-il. On est toujours avec du monde et on ne se sent pas isolés. On se fait des amis aussi, c'est ça qui est bien.

Des éducatrices comme Marilou Foisy sont disponibles à toute heure, toute la semaine, pour faire cheminer les personnes souffrant de troubles de santé mentale.

Le but, c'est de faire de la réadaptation, pour que les gens qui sont ici puissent un jour aller en appartement autonome , explique l’éducatrice spécialisée, Marilou Foisy.

J'ai appris à accepter ma maladie, qui est d'entendre des voix et de voir des visages. J'ai de la misère un peu encore, mais j'apprends encore à essayer de l'accepter et vivre avec ça.

François Boisvert.

Marilou Foisy se noue d’amitié avec les usagers depuis maintenant dix ans. J'ai choisi ça pour être dans le vivre avec, puis vivre avec eux les réussites, mais aussi les échecs, explique l’éducatrice spécialisée. En bon québécois, je trippe avec eux autres.

Manque de moyens

Mais, même si les ressources existent, les moyens ne suffisent pas à répondre aux besoins. Malgré une trentaine d’appartements supervisés, plus de 40 places en milieu d'hébergement et près d’une quinzaine d’autres logements à Sherbrooke, les appartements 3SM ne peuvent offrir cette aide à tous ceux qui en font la demande.

J'ai habituellement deux à trois appels par semaine de familles, même des clients, qui recherchent un endroit où habiter, soit en ressources d'hébergement ou soit en appartements supervisés, mentionne la directrice adjointe aux Appartements supervisés 3SM, Mélanie Samson. On doit les référer à l'accueil psychosocial.

Au 25 février, 20 871 personnes attendaient des services en santé mentale au Québec. En Estrie, elles étaient 1414. Un nombre que le gouvernement s’est engagé à réduire, à quelques jours de la présentation de son budget, mardi.

Ça crée beaucoup de détresse de se faire répondre que les listes d'attente peuvent aller parfois jusqu'à deux ans. Les équipes qui offrent les soins de santé mentale au sein du réseau de la santé sont elles-mêmes épuisées et portent un lourd fardeau de savoir qu'elles ne sont pas en mesure d'offrir les soins nécessaires.

Christine Labrie, députée solidaire de Sherbrooke.

Je me compte très chanceux d'être venu ici, assure François Boisvert. Si tout le monde pouvait avoir une place comme ici, il y aurait beaucoup moins de monde qui ferait des actes méchants envers d'autres personnes.

D’après le reportage de Pierrick Pichette.