Un article écrit par Radio-Canada

Cancer du sein : la cryoablation offerte en première québécoise au CHUM

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La cryoablation consiste à « geler » la tumeur cancéreuse à l'aide d'une aiguille ultrafine.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
La cryoablation consiste à « geler » la tumeur cancéreuse à l'aide d'une aiguille ultrafine.

Certaines patientes atteintes d'un cancer du sein ont maintenant la possibilité d'être soignées par cryoablation, grâce à une technique mise au point récemment, que le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) est le premier à offrir au Québec.

La cryoablation consiste littéralement à geler la tumeur cancéreuse à l'aide d'une aiguille ultrafine. L'intervention, qui est pratiquée sous anesthésie locale, ne laisse pratiquement aucune cicatrice. La patiente reçoit habituellement son congé la journée même.

Au cours des dernières années, on a vraiment évolué vers des traitements qui sont plus personnalisés et plus adaptés à chaque patiente, avec une désescalade de la thérapie, a dit le Dr Matthew Seidler, chef de section en imagerie du sein au département de radiologie du CHUM.

On sait que certaines patientes avec des petites tumeurs peuvent potentiellement bénéficier d'une approche qui est moins agressive, avec un traitement local. La cryoablation du cancer du sein, c'est vraiment une alternative à l'approche chirurgicale et c'est une technique qui est très prometteuse.

Dr Matthew Seidler, chef de section en imagerie du sein au département de radiologie du CHUM

L'ablation chirurgicale de la tumeur demeure fréquemment la meilleure option face à un cancer du sein. Mais pour les patientes pour qui cela n'est pas possible – par exemple, parce qu'elles présentent d'autres problèmes de santé ou subissent d'autres traitements – la cryoablation offre maintenant une nouvelle avenue thérapeutique.

La technique est relativement récente, mais les données dont on dispose pour le moment sont à tout le moins intrigantes.

Ainsi, lors d'une étude regroupant 60 patientes, seulement 10 % des participantes avaient été victimes d'une rechute 16 mois après le traitement. Lors d'une autre étude qui, celle-là, portait sur 194 patientes, seulement quatre – soit 2,1 % – avaient subi une rechute après trois ans.

On sait que la congélation rapide à -40 degrés Celsius puis les cycles de décongélation entraînent une espèce de cascade de mort cellulaire qui est très efficace, a expliqué le Dr Seidler.

Non seulement le froid provoque-t-il la mort des cellules cancéreuses, a-t-il précisé, mais il entraîne aussi l'expression d'antigènes tumoraux qui sont ensuite reconnus par le corps humain, et cela provoque une réponse inflammatoire par notre propre système immunitaire. Alors ça, c'est un autre mécanisme, a dit le Dr Seidler.

La cryoablation fonctionne le mieux pour les petites tumeurs qui font moins de 1,5 centimètre, a-t-il ajouté, ainsi qu'avec les tumeurs qui expriment des récepteurs hormonaux ou qui sont de plus bas grade.

Mais la cryoablation, souligne le Dr Seidler, n'a pas que des avantages. Par exemple, lors d'une ablation chirurgicale, les tissus retirés peuvent être analysés en profondeur par le service de pathologie, ce qui permet de caractériser soigneusement la maladie. Cela n'est évidemment pas possible lors d'une cryoablation.

Pour le moment, a dit le spécialiste, la technique est très bien reçue par les patientes.

Elles repartent quelques heures après l'intervention, a rappelé le Dr Seidler. Il n'y a pratiquement pas de douleur, avec l'anesthésie locale et avec le froid aussi qui aide avec l'anesthésie. Il faut choisir les bonnes patientes, mais c'est toujours bon d'avoir différentes options dont on peut discuter avec elles.