Un article écrit par Radio-Canada

Un cou de plus de 15 mètres pour le Mamenchisaurus sinocanadorum

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Illustration artistique de sauropodes de l'espèce « Mamenchisaurus sinocanadorum » qui avaient un cou de 15 mètres de long.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Illustration artistique de sauropodes de l'espèce « Mamenchisaurus sinocanadorum » qui avaient un cou de 15 mètres de long.

Un dinosaure sauropode qui peuplait l'Asie de l'Est il y a 162 millions d'années avait un cou impressionnant de 15,1 mètres (50 pieds) de long, montre une nouvelle estimation réalisée par une équipe internationale menée par le paléontologue américain Andrew Moore, de l'Université Stony Brook.

Les sauropodes étaient de grands dinosaures mangeurs de plantes, déjà connus pour la longueur de leurs membres. Parmi ceux-ci, le Mamenchisaurus sinocanadorum était le champion toutes catégories :  il possédait le plus long cou de tous!

Par comparaison, son cou était six fois plus long que celui d’une girafe, l’animal au cou le plus long vivant aujourd'hui, et faisait environ 3 mètres de plus qu'un autobus scolaire classique.

Repères

  • Les premiers sauropodes sont apparus au Trias, il y a environ 210 millions d'années. Ce n’est toutefois qu’au Jurassique qu’ils sont devenus gigantesques et diversifiés.
  • Les derniers sont disparus il y a 66 millions d'années, à la fin du Crétacé, en même temps qu'un grand nombre d'autres animaux.
  • Ces quadrupèdes herbivores vivaient habituellement en troupeaux.

La question au long cou

Établir lequel des sauropodes possédait le plus long cou n’est pas chose facile. Il est difficile de bien décrire les plus grands sauropodes puisque trouver des spécimens fossilisés complets relève du défi en raison de leur immense taille, expliquent dans un communiqué les auteurs de ces travaux publiés dans le Journal of Systematic Palaeontology (en anglais).

Certains fossiles fragmentaires laissaient à penser que des espèces de sauropodes avaient développé un cou de plus de 10 mètres de long, mais la mauvaise conservation des spécimens rendait ces estimations plutôt imprécises.

Dans le cas du Mamenchisaurus sinocanadorum, les premiers restes fossilisés ont été découverts en 1987 dans des sédiments rocheux du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, par l'équipe du China-Canada Dinosaur Project, qui lui a donné son nom en 1993.

Le paléontologue Andrew Moore et ses collègues ont été en mesure, à partir d’une poignée d'os du cou et du crâne, de le comparer avec d’autres squelettes plus complets de proches, dont le Xinjiangtitan, un sauropode de 13 mètres (44 pieds) découvert en 2013 et précédent détenteur du record du plus long cou.

Ce travail a permis de conclure que le Mamenchisaurus sinocanadorum avait un cou d'environ 15,1 mètres de long, soit le plus long cou que l'on puisse déduire avec certitude pour un sauropode connu, notent les chercheurs.

Ces travaux s’inscrivent dans une recherche plus large visant à documenter la diversité anatomique et l'histoire évolutive de la famille des Mamenchisauridae, des dinosaures sauropodes ayant vécu en Asie au cours du Jurassique.

Une énigme biomécanique

La façon dont ces sauropodes ont réussi à développer un cou aussi long et un corps aussi imposant sans s'effondrer sous leur propre poids reste une énigme biomécanique.

Des spécimens comme celui du Mamenchisaurus sinocanadorum fournissent cependant quelques indices. Des imageries de tomodensitométrie montrent que ses os étaient principalement constitués d'air (entre 69 et 77 % de leur volume), ce qui est comparable aux pourcentages observés dans les squelettes d’oiseaux.

Un cou renforcé

Un squelette aussi léger peut laisser penser que la bête était susceptible de se blesser facilement. Ce n’était pas le cas puisque le Mamenchisaurus sinocanadorum possédait aussi des côtes cervicales en forme de tiges de 4 mètres de long. Ces prolongements osseux des vertèbres se chevauchaient de part et d'autre de son cou, ce qui le rigidifiait et augmentait sa stabilité.

Les études biomécaniques de son cou laissent à penser qu'il n'était élevé qu'à un angle relativement faible au-dessus de l'horizontale (20 à 30°). Cependant, même à cet angle, l'extrême longueur du cou signifie que la tête de l'animal pouvait atteindre des hauteurs de 7,5 à 10 mètres, ce qui facilitait l'alimentation dans le feuillage des arbres, explique le paléobiologue Paul Upchurch, professeur à l'University College London et coauteur de l'étude.

Avec une telle taille, les sauropodes devaient être efficaces dans la collecte de nourriture, et c'est à cela que servait le long cou. Un sauropode pouvait se tenir à un endroit et manger la végétation environnante, conservant ainsi son énergie tout en absorbant des tonnes de nourriture.

En outre, un long cou permettait probablement aux énormes sauropodes d'évacuer l'excès de chaleur corporelle en augmentant leur surface, un peu comme les oreilles des éléphants.