La rareté des places en garderie cause bien des maux de tête dans le quotidien de famille. La mère d’une fillette de 20 mois, Geneviève Lapalme, qualifie ses démarches pour dénicher une place comme l'équivalent d'un « parcours du combattant ».
À peine 20 jours après avoir appris qu’elle était enceinte, Geneviève Lapalme a inscrit son futur enfant, Flora, au guichet unique du gouvernement La place 0 - 5. 20 mois plus tard, on n’a toujours pas eu d'appels, ou en tout cas, ce guichet-là ne nous a rien apporté
, explique cette dernière au micro de Par ici l’info.
Je me souviens que lorsqu'elle avait six mois, lorsqu'elle faisait sa sieste, mon conjoint était en télétravail, et je me rendais au café à côté avec mon fichier Excel pour faire littéralement une campagne électorale pour vendre les capacités de ma fille de six mois afin de réussir à décrocher une place en garderie en milieu familial.
Elle déplore par ailleurs que les coordonnées des milieux familiaux soient complexes à trouver. On s’est joint à un système d’une garderie parentale. C’est la solution qu’on a trouvée pour que je puisse retourner sur le marché du travail.
En attendant de trouver leur place en garderie, Geneviève Lapalme s'est jumelée à deux autres familles du coin qui vivent la même réalité. À tour de rôle, un parents s'absentent du travail pour s'occuper des trois enfants.
La maman Cora Loomis fait partie de cette initiative. C'est un beau concept d'être en famille, je n'ai pas vécu l'expérience des garderies, mais c'est beaucoup plus de planification, de gestion, de discussions, de temps, d'énergie,
met-elle de l'avant.¸
Une heure et demie de voiture par jour
Grâce à un contact interposé, la Sherbrookoise a réussi à trouver une place la semaine dernière à Eastman, municipalité où elle travaille dans le cadre d’un contrat. C’est un emploi en mode hybride, télétravail et présentiel, mais cette place-là en garderie me forcera à me rendre à Eastman tous les jours.
C’est quand même fascinant de voir la pénurie de main-d'œuvre, puis des femmes compétentes formées dans des emplois vraiment importants où on manque de main-d'œuvre, qui ne peuvent pas retourner sur le marché du travail. Ça suscite beaucoup d'anxiété, de colère, d'incompréhension et de la frustration.
Son conjoint et elle souhaitent par ailleurs avoir un deuxième enfant, mais ils craignent que cela ne complique davantage l'organisation familiale.
Des pressions pour une aide de Québec
Elle est loin d'être la seule à vivre des difficultés pour trouver une place en garderie. Selon les chiffres officiels du ministère de la Famille, plus de 32 000 enfants étaient en attente d'une place en date du 31 octobre 2022. Cependant, des données colligées par Radio-Canada démontrent plutôt que ce sont plus de 73 000 enfants en attente d’une place en garderie à court ou moyen terme.
L'organisme Ma place au travail vient par ailleurs de lancer une pétition sur le site de l'Assemblée nationale afin que le gouvernement mette en place des initiatives financières visant à appuyer les parents qui ne peuvent travailler en raison de la pénurie de places en garderie.
La porte-parole de Ma place au travail, Marilyn Dion déplore que la responsabilité financière du manque de place en garderie ne devrait pas être sur les épaules des parents.
Il y a des familles qui doivent choisir entre payer leur loyer et payer l'épicerie. On est rendus là. Ce n'est pas à elles de payer financièrement et de s'appauvrir pour un réseau qui a manqué cruellement d'investissement,
expose-t-elle.
La directrice générale, Regroupement CPE-Estrie, Lucie Theriault remarque toutes les semaines ce manque de place en CPE.
Des parents sont en grande détresse parce qu'ils cherchent désespérément une place pour leur tout petit pour être en mesure de retourner au travail et je sais que les CPE reçoivent des demandes à toutes les semaines,
avance la directrice générale.
La maman Geneviève Lapalme a constaté pour sa part qu'il faut penser hors des sentiers battus pour trouver une place en garderie. Des parents, par exemple, se tournent vers les réseaux sociaux afin de dénicher la perle rare.
C'est dommage de devoir accepter une place à n’importe quel prix parce que parfois, on n’a pas le choix. On ne regarde même pas la qualité du service parce qu’il faut retourner sur le marché du travail, déplore-t-elle. Ce n’est pas normal et ça creuse encore plus les inégalités sociales et le développement de l’enfant aussi.
Elle souhaite elle aussi que la ministre agisse plus rapidement. Je demanderais d’amener une aide d’urgence pour les familles qui n’ont pas de garderie pour enlever ce stress-là, et d’une autre part, rapidement d’améliorer les conditions de travail.
Avec les informations de Zoé Bellehumeur