Un article écrit par Félix Morrissette-Beaulieu

Près d’un garçon sur cinq a décroché de l’école publique en 2020-2021

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Le taux de sorties sans diplôme ni qualification est de 19,4 % chez les garçons contre 11,9 % chez les filles. Au total, 13,8 % des étudiants ont délaissé le réseau public sans diplôme en 2020-2021. Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Le taux de sorties sans diplôme ni qualification est de 19,4 % chez les garçons contre 11,9 % chez les filles. Au total, 13,8 % des étudiants ont délaissé le réseau public sans diplôme en 2020-2021.

Près de 20 % des garçons inscrits au réseau public ont abandonné leurs études secondaires sans diplôme ni qualification à la fin de l'année scolaire 2021, selon les plus récents chiffres du ministère québécois de l'Éducation.

Le ministère a dévoilé son rapport intitulé Taux de sorties sans diplôme ni qualification au secondaire. Le document couvre les années 2020-2021, marquées par la pandémie.

Le taux de sorties sans diplôme ni qualification observé chez les garçons demeure nettement plus élevé que celui observé chez les filles, et ce, malgré une grande amélioration au cours des deux dernières décennies, peut-on lire dans le rapport.

Le taux de sorties sans diplôme ni qualification est de 19,4 % chez les garçons contre 11,9 % chez les filles. Au total, 13,8 % des étudiants ont délaissé le réseau public sans diplôme en 2020-2021.

Le ministère rappelle toutefois que les données recueillies ne permettent pas d’isoler le phénomène du décrochage scolaire des autres causes de sortie, comme l’émigration, la morbidité ou même la mortalité. C’est pourquoi l'expression sorties sans diplôme ni qualification est plus appropriée que celle de décrochage scolaire.

Des disparités pour la grande région de Québec

Les taux varient grandement selon les différents centres de services scolaires (CSS).

Par exemple, le taux de sorties sans diplôme ni qualification au secondaire est particulièrement élevé au CSS de la Capitale (19,1 %), au CSS des Appalaches (19,1 %) et au CSS de la Côte-du-Sud (20,8 %).

Le taux de diplomation est toutefois au-dessus de la moyenne dans plusieurs CSS, notamment Portneuf et Premières-Seigneuries.

De son côté, le CSS des Découvreurs obtient le plus bas taux d'abandons parmi les 72 centres de services scolaires de la province.

Taux de sorties sans diplôme ni qualification au secondaire dans la grande région de Québec :

  • CSS de la Côte-du-Sud: 20,8 %
  • CSS de la Capitale : 19,1 %
  • CSS des Appalaches: 19,1 %
  • CSS Beauce-Etchemin : 14,6 %
  • CSS des Navigateurs : 14,6 %
  • CSS de Portneuf : 13,1 %
  • CSS des Premières-Seigneuries : 11,6 %
  • CSS des Découvreurs : 7,7 %

Derrière les chiffres

Il faut être prudent avec le fait d'associer le taux de décrochage aux impacts de la pandémie, croit le professeur à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval Simon Larose.

Une multitude de changements ont affecté le réseau public durant cette période, dont les méthodes d'enseignement et les assouplissements des règles pour les épreuves uniformes vécus durant la pandémie, selon lui.

Il faut être prudent avec l'indicateur de décrochage. Je pense qu'il faut le lire sur le plus long terme. Si vous faites une trajectoire qui démarre en 2000 et se rend à aujourd'hui, vous allez voir qu'au moment où la pandémie arrive, il n'y a pas de perturbation majeure sur le décrochage scolaire.

Simon Larose, professeur à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval

Il s'inquiète toutefois du taux de décrochage chez les garçons, qui est toujours supérieur à celui des filles. On sait que, très tôt dans le développement, [les filles] ont une maturité cognitive plus importante que les garçons, rappelle le professeur Larose.

Le contexte économique a aussi un impact sur les chiffres dévoilés par le gouvernement. Derrière ça, il faut voir ce que font ces garçons-là quand ils ont décroché. On est dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre où le salaire minimum est de plus en plus élevé.

Il note aussi que les taux de décrochage sont plus importants dans les quartiers industriels. C'est une hypothèse que je soumets : il y a peut-être des garçons qui s'en vont sur le marché du travail et qui s'épanouissent dans la transition école-travail même s’ils n'ont pas de qualification ou de diplôme en poche, avance M. Larose.