Un article écrit par Noémie Laplante

Les crimes haineux déclarés toujours en hausse au Canada

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Un homme nettoie un graffiti antisémite peint sur la porte du centre de prière juif The Glebe Minyan, à Ottawa, en 2016. Statistique Canada signale une nouvelle augmentation de 7 % du nombre de crimes haineux déclarés au Canada entre 2021 et 2022.Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
Un homme nettoie un graffiti antisémite peint sur la porte du centre de prière juif The Glebe Minyan, à Ottawa, en 2016. Statistique Canada signale une nouvelle augmentation de 7 % du nombre de crimes haineux déclarés au Canada entre 2021 et 2022.

Le nombre de crimes haineux signalés par la police au Canada a augmenté de 7 % entre 2021 et 2022, selon des données dévoilées mercredi par Statistique Canada. Cela fait suite à des hausses marquées au cours des deux années précédentes; de 2019 à 2022, ce nombre a bondi de 83 %.

Warren Silver, formateur national et analyste au Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités à Statistique Canada, définit les crimes haineux comme des crimes motivés par la haine contre un groupe.

Il note une augmentation du nombre de crimes haineux déclarés en Ontario, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Au Québec, toutefois, on a observé une diminution de 47 crimes haineux signalés à la police, souligne-t-il.

Dans l'ensemble du Canada, la hausse s’explique par un nombre accru de crimes haineux ciblant une orientation sexuelle ou une origine ethnique.

Statistique Canada remarque une hausse depuis 2018 et une augmentation marquée en 2020. On sait que la pandémie a eu un impact sur tout, ce qu’on observe spécifiquement sur le crime, explique M. Silver à Radio-Canada.

En 2021, on a dénombré 15 homicides motivés par la haine, comparativement à 23 homicides de ce type en 2022. La croissance du reste des homicides, qui ne sont pas nécessairement motivés par la haine, a été de 9 % au pays.

« La pointe de l'iceberg »

Le directeur général de l'organisme Ensemble pour le respect de la diversité, Rafaël Provost, affirme ne pas être surpris par le rapport de Statistique Canada. On constate presque les mêmes chiffres dans les écoles, que ce soit à Montréal ou en région. Il y a une augmentation de l'intolérance.

En entrevue avec Radio-Canada, M. Provost dénonce la banalisation de l’homophobie et de l'intimidation dans les écoles.

En général, ces crimes [haineux] affectent beaucoup les jeunes, note Warren Silver. Entre 2019 et 2022, le nombre de victimes âgées de 0 à 17 ans est passé de 99 à 295.

Rafaël Provost s’interroge aussi sur la quantité de personnes qui ne signalent pas à la police les crimes dont elles sont victimes : C'est probablement la pointe de l'iceberg. C'est beaucoup trop déjà, mais des gens qui vivent l'homophobie quotidiennement, de la haine sur les médias sociaux dans la cour d'école ou en marchant dans la rue, c'est des cas qu'on entend tous les jours, mais qui ne sont pas forcément signalés pour différentes raisons.

Tous les cinq ans, Statistique Canada fait une enquête sur la victimisation qui permet d’obtenir des données sur le nombre de cas qui ne sont pas signalés à la police. C’est à peu près le tiers de tous les crimes que les victimes signalent à la police, affirme M. Silver.

L’influence des débats de société

Selon Maryse Potvin, sociologue et professeure à l’UQAM, les débats politiques ont toujours des effets sur le climat social et sur les rapports entre les groupes ethniques et culturels. [Si] on pense par exemple au débat sur les accommodements raisonnables, on a vu, en 2007, émerger des groupes populistes identitaires dans ce contexte.

À la suite de l’attentat à la mosquée de Québec, Mme Potvin affirme avoir également observé une diminution des crimes signalés à la police en fonction de la religion, qui ont augmenté par la suite avec les débats sur le "mot en n".

On est aussi influencés par les débats aux États-Unis et en Europe. Quand on voit la montée des gouvernements plus autoritaires, plus populistes ou plus conservateurs […], il y a une influence internationale sur les médias sociaux et en politique. À son avis, le Québec et le Canada ne sont pas immunisés contre les débats idéologiques qui sévissent aux États-Unis en ce moment.

Avec les informations de Kim Vermette et de Diana Gonzalez