Un article écrit par Radio-Canada

Une athlète albertaine trans féminine craint d’être exclue des compétitions sportives

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L'idée d'être exclue de son équipe de football féminin avec contact fait pleurer la quart-arrière trans féminine, Aria McGowan. Cliquez ici pour afficher l'image d'en-tête
L'idée d'être exclue de son équipe de football féminin avec contact fait pleurer la quart-arrière trans féminine, Aria McGowan.

En Alberta, une athlète trans féminine est inquiète d'être exclue des compétitions sportives destinées aux filles et aux femmes en raison de la position du gouvernement provincial.

Aria McGowan, une joueuse transgenre de football féminin avec contact a ressenti de la colère, mais aussi de la peine quand Danielle Smith a annoncé sa série de mesures le mois dernier. Se faire dire que je ne pourrais plus jouer au football féminin avec contact, alors que c’est ma passion me rend très triste, comme vous pouvez le constater, dit-elle en tentant de sécher ses larmes.

Quart-arrière de son équipe, les Edmonton Storm, Aria McGowan a subi une opération d’affirmation de genre en 2009. C’est à ce moment-là qu'elle s'est sentie elle-même, se souvient-elle.

Ma famille est religieuse. J’ai passé ma vie à me cacher et, je suppose, à essayer d’être normale et me conformer à la société.

Aria McGowan, joueuse transgenre de football féminin avec contact

Je pouvais aller de l'avant et commencer à vivre ma vie comme je l'entendais, et non pas comme les autres le voulaient, dit-elle en parlant de sa transition.

Le football, qu’elle a commencé à jouer à l’adolescence, a toujours été sa passion. Alors un an après l’opération chirurgicale, elle rejoint les Edmonton Storm. Elle ne sait pas si ses coéquipiers ou des membres des autres équipes ont eu des inquiétudes par rapport à sa présence.

Je ne suis ni la plus grande ni la plus petite. Je ne suis pas la plus rapide. Je ne sais pas où est le problème. Je ne prends la place de personne, confie-t-elle, ajoutant qu’avant sa transition elle pouvait soulever jusqu’à presque 140 kg, mais aujourd’hui elle ne le peut plus.

Ma force a diminué de manière considérable.

Aria McGowan, joueuse transgenre de football féminin avec contact

La situation politique risque de compromettre leur saison, croit la présidente de l’équipe, Laura Hayne, qui soutient que l’ensemble de l’équipe appuie Aria McGowan

Si cette législation se dirige dans le sens que nous pensons, elle affectera fortement notre capacité à être compétitives.

Un avantage toujours dénoncé, mais jamais prouvé

Ceux qui s’opposent à la participation des athlètes trans féminines aux compétitions sportives destinées aux filles et aux femmes cisgenres affirment qu’elles ont un avantage physique, même si elles ont complété leur transition.

Cependant, des médecins affirment qu’il faudrait plus de recherches pour déterminer si les athlètes transgenres ont réellement cette supériorité.

Le Dr Brad Anawalt, un professeur en médecine et endocrinologue à l'Université de Washington à Seattle, rappelle que la différence de puissance, de vitesse et de force entre les garçons et les filles est insignifiante avant la puberté.

Il précise que cela change après la puberté, car les hommes acquièrent par la suite plus de force, de puissance et de vitesse. Selon lui, c'est lorsqu'une personne commence sa transition que les choses se compliquent.

Dans ce contexte particulier, nous ne disposons pas de beaucoup de données nous permettant de dire que cette personne a un avantage compétitif par rapport aux femmes cisgenres. Nous avons quelques exemples et nous savons par déduction que la force, la puissance et la vitesse seront différentes, mais nous n'en avons pas la certitude, affirme-t-il.

Il mentionne toutefois que des données, certes limitées, indiquent qu’après quelques années de thérapie hormonale la masse ainsi que la force musculaire des femmes transgenres se situent entre celles d’une femme cisgenre et d’un homme cisgenre.

Le Dr Joshua Safer, directeur général au centre de médecine transgenre à l’hôpital Mount Sinai à New York, dit aussi que les données sur l’avantage physique des transgenres ne sont pas concluantes.

Il faut, à 100 %, plus de recherche et elle doit être spécifique au sport.... La question qui se posera alors à la société est la suivante : en l'absence de recherche, quelle est la situation par défaut?

Il recommande l’inclusion plutôt que la peur, que tant que les recherches ne démontrent pas clairement s’il y a un avantage ou pas.

Avec des informations de Julia Wong