Un article écrit par Radio-Canada

La vive opposition de l’Ouest à la Loi sur les langues officielles de 1969

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L'adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969, sous le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau, a été source de discorde en Alberta et en Saskatchewan. La professeure Valérie Lapointe-Gagnon rappelle l'origine de cette méfiance quant au bilinguisme et aux idées venant de l'est.

« La réaction au sujet des langues officielles, on ne peut pas la comprendre sans s’intéresser à ce sentiment d’aliénation de l’Ouest dont on vit encore certains soubresauts aujourd’hui », indique la professeure d’histoire au campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta.

La politique sur les langues officielles statue pour la première fois sur l’égalité du français et de l’anglais comme langue de l’État canadien. Elle est un signe d’espoir et de reconnaissance pour les francophones partout au pays.

Ce projet de loi provoque un tollé en Alberta et en Saskatchewan. Depuis la création de ces provinces par Wilfrid Laurier en 1905, la population est mécontente que la voix de l’Ouest ne soit pas mieux considérée dans la fédération canadienne.

« On se dit que le gouvernement fédéral est surtout géré par des élites de l’est et du centre qui sont bien intéressées par l’argent des ressources de l’Ouest, mais qui s’intéressent très peu aux gens, à leurs ambitions et à leur conception du Canada », rappelle Valérie Lapointe-Gagnon.

La contestation est si vive que même le premier ministre albertain de l’époque, Ernest Manning, refuse de collaborer à la Commission royale sur le bilinguisme et le biculturalisme, constituée en 1963 et présidée par André Laurendeau et Davidson Dunton.

Le bilinguisme dérange et fait l’objet de rumeurs et d’incompréhension. La professeure Valérie Lapointe-Gagnon rapporte que, pour plusieurs, cette volonté de bilinguisme est une « fabrication de l’est » ou même un complot du Vatican qui tenterait d’assimiler la communauté protestante.