Un article écrit par Radio-Canada

Une nouvelle histoire d’inconduite sexuelle rapportée à la LHJMQ

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Un joueur de hockey

De nouvelles allégations d’inconduite sexuelle visant une équipe de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) dans la première moitié des années 1990 ont été signalées le week-end dernier aux autorités du circuit, a indiqué son commissaire par intérim Martin Lavallée en commission parlementaire, mardi.

Lorsque j’ai été informé de la situation, nous avons procédé à une quête d’informations qui nous a rapidement menés à la mise en place d’une enquête indépendante pour nous assurer d’aller au fond des choses, a-t-il dit.

Par souci de confidentialité de la présumée victime, M. Lavallée a préféré ne pas indiquer quelle formation de la LHJMQ était ciblée. Il a cependant précisé en mêlée de presse après son témoignage que les faits allégués se seraient produits dans le cadre d’une initiation.

Lors de son propre témoignage, le futur commissaire de la LHJMQ Mario Cecchini a indiqué avoir été mis au courant des allégations lundi soir. Il espère que cette enquête soit réglée lorsqu’il entrera en poste, en mai.

Mais je peux vous assurer qu’avec diligence, si ce dossier est encore ouvert, c’est clair que dès mon arrivée en poste, nous allons accélérer le processus pour en arriver à une résolution ou, du moins, à une compréhension, a poursuivi M. Cecchini.

Il a insisté sur l’indépendance du processus en citant en exemple une expérience passée, lors de son passage dans la société Corus, où il avait demandé à un juge à la retraite de mener l’enquête sur une plainte pour harcèlement.

Le futur commissaire, qui demeure à l’emploi des Alouettes de Montréal, a reconnu qu’il aurait préféré être appelé à témoigner après son entrée en poste, puisqu’il n’avait pas eu le temps de se familiariser avec tous ses dossiers. Il était cependant déjà prêt à parler d’une politique de tolérance zéro pour les gestes répréhensibles.

Dans l’avenir, je veux qu’il soit clair, reconnu et incontestable que tout geste dégradant, d’intimidation, de harcèlement, de violence psychologique ou physique ou d’agression sexuelle est inadmissible dans la LHJMQ et ne sera pas toléré, a martelé M. Cecchini. Dans l’avenir, je veux qu’il soit clair, reconnu et incontestable qu’aucune culture d’équipe ou de vestiaire ne peut servir à protéger les agresseurs ou d’empêcher des victimes de parler.

Martin Lavallée a par ailleurs reconnu que de nombreuses mesures étaient nécessaires pour enrayer cette culture de silence qui aurait incité de présumées victimes à ne pas dénoncer leurs agresseurs.

La ligue dit avoir l’intention de mettre en place un système de plaintes indépendant et de faire appel à des experts et à des organismes comme Sport’Aide.

Je reconnais qu’on nomme la culture du silence, qu’elle est présente. Personne ne va le nier, a reconnu M. Lavallée. Maintenant, c’est comment va-t-on faire la lumière sur cette culture du silence pour s’assurer que tout le monde l’écarte et que ça ne soit pas une valeur. Pour moi et la ligue, la culture ou la loi du silence n’est pas une valeur.

Le commissaire par intérim donnait ainsi écho aux propos de Michel Dorais, professeur titulaire retraité de l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval. Il avait plus tôt affirmé que le silence est une valeur dans le milieu du hockey.

M. Dorais, qui travaille sur un programme de prévention depuis 18 mois avec la direction des services aux joueurs de la LHJMQ, s’explique mal que cette initiative n’ait pas encore été mise en place par la ligue. La rondelle est dans le camp des décideurs, a-t-il dit de façon imagée.

C’est une question d’argent, souvent, a soutenu M. Dorais. Ils ne sont pas pires ou mieux que d’autres. Quand on parle de prévention, je l’ai vécu toute ma vie, on me dit qu’il n’y a pas d’argent pour ça. Je réponds que payer pour les dégâts, ça coûte cher : indemniser les victimes, payer des entreprises de relation publique pour réparer une image cassée. Le risque zéro n’existe pas, on s’entend tous là-dessus. Mais si on fait en sorte que le risque soit minimisé, je pense que c’est un très bon placement.

Les gens de la ligue ne sont pas différents des autres. Ceux qui payent, ce sont les propriétaires. J’imagine que ce sont eux qui vont décider, car ce sont eux qui ont l’argent.

Michel Dorais, professeur titulaire retraité de l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval

L’ancien commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, avait promis lors de sa comparution du 22 février dernier que la ligue se doterait d’un code du vestiaire pour éliminer le bizutage et la culture du silence. Michel Dorais a cependant lancé un avertissement : de tels documents ne doivent être que le point de départ d’un changement de culture, car déloger certains comportements bien ancrés dans les mœurs exige des efforts de prévention continus.

Si tu veux faire partie de la gang, si tu veux être accepté, si tu veux avancer, tu te tais, a déploré M. Dorais. C’est bien beau la solidarité masculine, mais ça ne devrait pas être confondu avec la complicité criminelle.

La commission parlementaire avait amorcé ses travaux le mois dernier avec, notamment, le témoignage de Gilles Courteau, qui avait démissionné dans la foulée. Il avait affirmé devant la commission qu’aucun cas d’abus sexuel mentionné dans un recours collectif déposé en 2020 ne concernait sa ligue, alors qu’un plaignant avait rapporté avoir subi de tels abus pendant son passage dans la LHJMQ dans les années 1990.

Les travaux se poursuivent mercredi et jeudi. L’entraîneuse Danièle Sauvageau, l’ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick Camille Thériault et le président de l’assemblée des membres de la LHJMQ Richard Létourneau, entre autres, y sont attendus.