Un article écrit par Alexandre Gascon

L’étonnante progression de Samuel Montembeault

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Samuel Montembeault (no 35) et Nick Perbix (no 48)

Le discours dans l’entourage du Canadien à propos de Samuel Montembeault a beaucoup évolué en quelques mois. Et pour cause.

En novembre, même si le portier québécois devançait par une tête son homologue depuis le début de la saison, Martin St-Louis mettait fin au bon vieux débat de gardiens qui se dessinait en tranchant d’un coup sec.

Jake Allen est notre no 1, et c’est lui qui va jouer demain, disait-il alors.

Puis, Montembeault a poursuivi son bon travail avec une rare constance. Il a affiché un meilleur taux d’efficacité qu’Allen lors de quatre des six mois de la saison jusqu’ici et le devance dans toutes les statistiques imaginables, avancées ou plus traditionnelles.

Si bien que son patron, Kent Hughes, avait dit de lui avant la date limite des échanges qu’il ne s’en va nulle part.

Lors des semaines suivantes, dans une cause perdue, St-Louis n’avait aucune sensibilité à préserver, et l’entraîneur a commencé à partager plus équitablement le filet entre ses deux lieutenants. Mardi soir, face au Lightning, le portier de Bécancour a obtenu un quatrième départ d’affilée. Ça ne lui était jamais arrivé lorsqu’Allen est en santé.

Il a récompensé la décision de St-Louis avec un gain de 3-2 contre l’une des meilleures formations de la ligue, un gain largement attribuable à sa prestation.

De Brayden Point seul dans l’enclave, à Alex Killorn dans une situation similaire, au déplacement latéral félin devant Corey Perry ou, plus que tout, à son grand écart de gymnaste pour priver Nick Perbix d’un beau but, Montembeault avait les réponses à tous les assauts de Tampa Bay.

Il y avait des sifflements admiratifs dans le vestiaire des vainqueurs après le match. On exagère à peine.

Il nous a tenu dans le match tout le long. Il a fait ça toute l’année. Il connaît une super bonne saison. C’était beau à voir, a lancé Jonathan Drouin.

Quand on a demandé à Brendan Gallagher, ce rescapé, ce qu’il pensait de l’évolution de son jeune coéquipier de 26 ans, de la différence entre le gardien réclamé au ballottage en octobre 2021 et celui qu’il a sous les yeux en ce moment, l’attaquant s’est fendu d’un petit rire.

C’est difficile de mettre des mots là-dessus. Il s’améliore constamment. Il fait des arrêts que l’autre gardien qui a joué ici pendant une décennie et demie faisait. Il se bat, il compétitionne, il passe beaucoup de temps sur la glace à peaufiner son art. Les gardiens sont parfois un peu étranges. Pour certains, ça peut prendre quelques années de plus pour bien se développer. On est vraiment en confiance quand on joue devant lui.

Brendan Gallagher à propos de Samuel Montembeault

Gallagher l’a bel et bien comparé à Carey Price. Il ne lui a pas prédit la même carrière, les mêmes sommets, le même impact, évidemment. Mais le simple fait qu’il ait osé prononcer son nom dans la même phrase que celui de son illustre prédécesseur tient de l’inédit et aurait été impensable il y a quelques mois, voire quelques semaines à peine.

Quelques séquences hors normes cette année l’ont certainement aidé à se faire une réputation enviable. On pense principalement à ses sept matchs entre les 9 et 21 janvier, sept départs d’affilée où il a maintenu un taux d’efficacité d’au moins ,925 à six reprises. Ce sont là des performances dignes des plus dominants.

Ça n’a pas tenu, ça ne pouvait pas tenir, mais ce n'était pas un feu de paille non plus. Mardi était un autre exemple de cette assurance qu’il dégage maintenant. Il a progressé, a avoué St-Louis, lui qui faisait généralement attention à ne pas trop le louanger auparavant, peu importe la raison.

C’est beaucoup une question de constance. Un petit peu plus de maturité aussi. Plus d’expérience. C’est une combinaison de beaucoup de choses. Ça part du joueur. On peut tout faire pour lui, mais c’est lui qui est devant le filet. Il a une très bonne progression cette année, a laissé tomber l’entraîneur.

Est-ce le partenariat avec l’entraîneur des gardiens, Éric Raymond, qui lui est profitable? Est-ce l’âge? Est-ce la confiance que l’organisation lui a témoignée en lui accordant son premier contrat de deux ans à un volet, lui qui voguait continuellement sur des ententes d’une saison avec cette perspective menaçante de se faire renvoyer dans la Ligue américaine et, potentiellement, d’être réclamé au ballottage et de devoir déménager (comme ça lui est arrivé quand le CH l’a réclamé)?

Difficile à dire pour le moment, mais le Canadien ressort grand gagnant de cette transformation. Ce n’est pas à dire que la quête d’un futur gardien no 1 est terminée, loin de là, mais Montembeault fait tout en son pouvoir pour s’inviter dans la conversation.

Kent Hughes avait dit qu’il voulait savoir ce qu’il avait en Samuel Montembeault d’ici la fin de la saison. Martin St-Louis, après le match, a assuré qu’il le savait désormais.

Il ne l’a toutefois pas partagé. Mais c’est fort intrigant.

En rafale

Deux joueurs de retrouvés, deux autres de perdus.

C’était le retour de Kirby Dach (16 matchs d’absence) et de Brendan Gallagher (absent lors de 45 des 48 dernières rencontres). Le premier a été impressionnant, particulièrement en première période où il a profité d’un rare cadeau d’Andrei Vasilevskiy pour ouvrir la marque avec son 13e but de la saison. L’ancien des Hawks a joué pendant près de 21 minutes et a obtenu la troisième étoile.

Brendan Gallagher s'est fait un peu plus discret, malgré une prestation honnête. Le petit ailier a tenté trois tirs, a bloqué un lancer et a joué quelque 14 minutes, dont 1 min 26 s en avantage numérique.

Je veux commencer l’été en me sentant bien. Je sais que ça prendra du temps. Je n’ai jamais passé autant de temps sans mettre mes patins et sans rien faire, y compris en été ou pendant ma carrière au hockey junior. C’est un défi différent, a fait valoir le no 11.

Voilà pour les bonnes nouvelles. Les moins bonnes maintenant.

La saison de Kaiden Guhle est terminée. Le défenseur a subi une entorse à une cheville. Il n’aura pas besoin de se faire opérer, mais sa rééducation se prolongera au-delà du 13 avril, dernier jour du calendrier de la LNH.

Josh Anderson, pour sa part, a eu toutes les misères du monde à quitter la glace en fin de rencontre après avoir été projeté au sol par Mikhail Sergachev. Sa jambe droite a frappé le poteau de plein fouet – le filet était désert – et il n’a pas été en mesure de s’appuyer dessus pour rentrer au vestiaire. Il ne sera pas du voyage à Boston, a fait savoir le Tricolore, et passera d’autres examens mercredi avant que l’équipe puisse faire une autre mise à jour.

Guigne, quand tu nous tiens.